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Des fûts radioactifs suspects à Dessel

Le Vif

Le béton de plusieurs fûts radioactifs entreposés sur le site de Belgoprocess, à Dessel, s’est mis à « mousser » et une substance gélatineuse anormale a été découverte, rapportent plusieurs quotidiens ce vendredi. « Il n’y a pas de danger », assure Belgoprocess.

Une substance gélatineuse suspecte a été détectée dans une quarantaine de fûts radioactifs entreposés sur le site de Belgoprocess, à Dessel, dans le Limbourg. Elle serait issue d’une réaction chimique au sein des matières destinées à « piéger » les déchets légèrement radioactifs.

Belgoprocess: « Nous garantissons que rien ne peut s’échapper de l’installation »

La substance gélatineuse ne présente pas de danger, a affirmé ce vendredi le gestionnaire des déchets nucléaire Belgoprocess. Selon son porte-parole, Bart Thieren, Belgoprocess « peut garantir que rien ne s’est échappé de l’installation ».

« Vous n’avez aucun souci à vous faire », a-t-il indiqué au cours de l’émission De Ochtend sur Radio 1 (VRT). « Belgoprocess est chargé du stockage de ce type de déchet. Il n’y a pas de danger pour la santé, pour notre personnel ou pour l’environnement ».

Le porte-parole de Belgoprocess a expliqué que l’incident provenait d’une réaction chimique dans le mortier à béton qui enveloppe les fûts.

Les fûts eux-mêmes n’ont d’ailleurs aucune fonction de sécurité, a-t-il ajouté. « Le système est conçu de manière telle que les déchets ne peuvent provoquer de fuite en dehors de l’installation. Nous pouvons donc garantir que rien ne s’échappe de celle-ci », a-t-il ajouté.

Agitation politique

La découverte de la substance gélatineuse a suscité diverses réactions politiques, tantôt rassurantes tantôt alarmistes.

Pour le bourgmestre de Dessel (province d’Anvers) Kris Van Dijck (N-VA), l’identification de cette fuite démontre l’efficacité et l’adéquation des contrôles. Il ne trouve pas illogique que la substance en question présente une faible teneur radioactive « car le fût contient évidemment, en plus du béton, des déchets radioactifs qui doit être immobilisé par le béton ».

« Toutes les instances, y compris les autorités locales, ont été averties », a-t-il ajouté, réclamant une enquête et les mesures nécessaires pour éviter la formation d’une telle substance, en vue du stockage définitif de déchets nucléaires de faible activité à vie courte.

Le président de la sous-commission Sécurité nucléaire à la Chambre, Willem-Frederik Schiltz (Open Vld), insiste pour sa part sur la nécessité de tirer les leçons de l’incident, une fois l’enquête conclue sur ses causes et responsabilités. Il souligne l’absence de danger pour les travailleurs de Belgoprocess, la population et l’environnement, ainsi que l’efficacité des contrôles. M. Schiltz compte toutefois réunir sa sous-commission le mois prochain pour débattre de l’incident.

« Tous les fûts doivent être contrôlés au plus tôt », a alerté Kristof Calvo, député Groen à la Chambre. Il craint un problème structurel et en appelle à Electrabel (gestionnaire de la centrale de Doel), à Belgoprocess et à l’ONDRAF, l’organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies. Le député s’étonne de ce que les premiers problèmes aient été constatés en février alors que le ministre de tutelle, le secrétaire d’Etat à l’Energie Melchior Wathelet, n’a été averti qu’en août. Le dossier peut avoir des conséquences, notamment financières, souligne le député d’opposition, qui en appelle aussi à la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet.

Détectée dès février

La substance en question a été détectée pour la première fois en février dernier lors d’un contrôle de routine effectué par les experts de l’Organisme national des déchets radioactifs, chargés d’examiner les fûts entreposés à Dessel. Les contrôles vont alors se poursuivre sur ce type de fûts et au total, sur les 58 colis inspectés, 42 présentaient cette anomalie gélatineuse.

Pour Electrabel, d’où proviennent ces fûts, la substance serait issue d’une réaction interne au béton dans lequel les déchets sont immobilisés. Du côté de l’Agence de contrôle nucléaire, on indique que ce n’est encore qu’une hypothèse. « En tout cas, ça ne devrait pas arriver, ce n’était pas prévu. Cela pose des questions sur l’assemblage en béton. »

Des experts enquêtent sur l’origine exacte du problème et la suite à lui donner. D’autres examens et contrôles doivent encore être réalisés.

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