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Des écoles ont découragé les parents de solliciter la dispense

Grande nouveauté de cette rentrée scolaire dans l’enseignement officiel, la possibilité pour les parents de solliciter la dispense du cours de morale ou religion ne devrait connaître dans certaines communes qu’un succès très timide, plusieurs directions d’école, surtout dans le primaire, ayant par divers moyens découragé les parents d’opter pour ce choix.

Information floue ou inexistante, formulaire de demande de dispense non distribué, contenu peu attractif, directions ne laissant que deux ou trois jours aux parents pour se prononcer, enseignants encourageant ouvertement les parents à ne pas solliciter l' »encadrement pédagogique alternatif » pour leur enfant: la possibilité de dispense n’a, à en croire différents témoignages recueilli par Belga, pas bénéficié partout d’une même niveau d’information et de promotion.

Un constat partagé d’ailleurs par la Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel (FAPEO). « Nous avons aussi reçu beaucoup de témoignages dans ce sens », confie Joëlle Lacroix, secrétaire générale de la FAPEO. « Faute d’information, beaucoup de parents n’ont pas pu faire de choix de manière éclairée (…) ce qui fait que pas mal d’entre eux ont en conséquence fait le choix du statu quo » par rapport au cours que leur enfant suivait l’année dernière.

Dans cette école primaire de la région bruxelloise, le directeur a été clair avec les parents. « Je leur ai dit que je n’avais pas reçu d’enseignant supplémentaire pour assurer cet EPA, et que s’ils faisaient ce choix, leur enfant serait placé sous la surveillance d’un éducateur », reconnaît-il. Conséquence: une seule demande d’EPA lui est parvenue, alors que près d’une vingtaine de parents avaient manifesté leur intérêt pour la dispense lors du sondage mené au printemps dernier.

Le Conseil de l’enseignement des communes et provinces (CECP), l’organe qui fédère les pouvoirs organisateurs de l’enseignement primaire organisé par les communes et provinces, reconnaît que la « confusion » qui a présidé à l’introduction de l’EPA a suscité des « réactions diverses » sur le terrain.

Pour sa secrétaire générale, si certaines directions ne cachent pas leur mauvaise humeur, on ne peut toutefois parler d’obstruction dans leur chef. « Ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais il faut bien comprendre que ces directions n’ont pas reçu les moyens nécessaires pour mettre cet EPA en oeuvre. Pour certaines écoles, notamment en milieu rural, c’est extrêmement compliqué », fait valoir Fanny Constant.

« Nous avions demandé à la Fédération Wallonie-Bruxelles à pouvoir bénéficier de détachés pédagogiques pour aider ces écoles (à organiser l’EPA, ndlr), mais nous n’avons pas eu de réponse de la ministre Milquet. Quand on dit vouloir créer un enseignement d’excellence, ce signal-là n’est pas un bon départ… », grince-t-elle.

La possibilité pour les parents de solliciter cette année la dispense des cours de morale et religions dans l’enseignement officiel découle pour mémoire d’un arrêt de la Cour constitutionnelle rendu en mars dernier. Un sondage mené au printemps dernier dans les écoles officielles pour connaître les intentions des parents par rapport à cette opportunité avait montré que 7% des parents de l’enseignement primaire comptaient solliciter la dispense, contre près de 18% dans le secondaire.

Vu les problèmes rencontrés dans plusieurs écoles pour assurer cet EPA, voire la contre-publicité dont il a pu bénéficier ici ou là, d’aucuns s’attendent à présent à une chute plus ou moins sensible du nombre de demandes de dispense. Leur nombre précis devrait être connu d’ici la fin de ce mois de septembre.

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