Ettore Rizza

Déprime au sud = allégresse au nord ?

Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Les Belges francophones sont au 36e dessous. Ils ont le blues, le spleen, le moral dans les chaussettes, l’humeur mélancolique, les épaules qui se frôlent. C’est en tous cas ce qu’on pourrait déduire de la première livraison du « thermomètre des Belges ».

Selon ce sondage de l’institut Dedicated Research, mené pour Solidaris-RTBF-Le Soir auprès de 1 000 Wallons et Bruxellois, plus de la moitié des sondés (57 %) craignent pour l’avenir de leurs enfants, autant réclament un accompagnement psychologique, 45 % redoutent de tomber dans la précarité et 8 % ont déjà tenté de se suicider. Déjà alarmants, les chiffres du mal-être explosent chez les 18-25 ans, les femmes, les demandeurs d’emploi et les familles monoparentales.

À cause de la crise ? Sans doute, mais aussi celle d’une « société égoïste où l’individu n’est plus soutenu par le groupe » et « où le besoin d’appartenance ne trouve plus prise », estime dans Le Soir un psychiatre liégeois, conseiller scientifique du sondage. Bref, la faute au délitement de ces liens sociaux traditionnels que formaient la famille ou encore la religion, et dont les réseaux sociaux ne constituent que des ersatz virtuels. La théorie est connue.

Mais par surcroit, le professeur avance une autre piste d’explication, plus originale : la longue crise institutionnelle qu’a connu le pays et le risque de « perdre notre identité nationale ». Ce facteur d’insécurité supplémentaire viendrait plomber un contexte déjà lourd.

C’est là qu’on regrette les limites du sondage, consacré aux seuls francophones. Car si le psy a vu juste, l’euphorie au nord du pays devrait largement contrebalancer la neurasthénie qui règne au sud. Environ la moitié des Flamands n’envisagent-ils pas de voter pour des partis qui prônent ouvertement la fin de la Belgique, selon un autre baromètre récent, celui plus politique de RTL-TVI et toujours Le Soir ?

Le parallèle serait séduisant. Mais il n’expliquerait pas pourquoi les Français, eux, sont 65 % à se déclarer pessimistes pour leur avenir et celui de leurs enfants, selon un sondage IFOP publié en janvier. À moins, bien sûr, que ce soit la perspective de devoir accueillir un jour leurs cafardeux voisins wallons qui les angoisse.

E.R.

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