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Denis Ducarme: « Di Rupo doit cesser de se comporter en Roi-Soleil »

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Police, islamisme, cybermenace, Afghanistan, flamandisation de l’armée. Ce sont les cinq talons d’Achille du Premier ministre, à en croire Denis Ducarme. « Il est temps qu’Elio Di Rupo mette les mains dans le cambouis », affirme le député fédéral MR.

Qu’un député éreinte le Premier ministre, c’est la loi du jeu politique. Mais quand ce même député appartient à un parti de la majorité, les propos acquièrent un potentiel hautement inflammable. En ciblant nommément Elio Di Rupo, le libéral Denis Ducarme encourt donc le risque de subir une riposte musclée. « Je ne parle pas au nom de mon parti, précise-t-il toutefois. Je suis membre de la commission de l’Intérieur, vice-président de la commission de la Défense, c’est à ce titre-là que je m’exprime. »

Le Vif/L’Express : Le 6 décembre, le gouvernement Di Rupo fêtera ses deux ans d’existence. La législature touche à son fin. Quel bilan tirez-vous de l’action du Premier ministre ?

> Denis Ducarme : Mais justement, la législature n’est pas terminée ! Les élections n’auront lieu que dans six mois. D’ici là, il reste plusieurs dossiers à conclure, pour lesquels on attend du Premier ministre qu’il procède à des arbitrages, voire qu’il prenne des initiatives. Je regrette qu’Elio Di Rupo ne s’intéresse guère à un certain nombre de compétences régaliennes de l’Etat. J’ai le sentiment qu’il gouverne avec une posture de Roi-Soleil. Or la Belgique n’a pas besoin d’un Roi-Soleil, mais d’un mécano qui met les mains dans le cambouis. Hélas, mon impression, et elle s’est renforcée tout au long de l’année 2013, c’est qu’Elio Di Rupo n’aime pas le cambouis.

Six partis composent la majorité. N’est-il pas logique qu’élaborer des compromis prenne du temps ?

> Que Laurette Onkelinx joue son rôle de vice-Première ministre socialiste, c’est normal. Moi, je demande que Di Rupo ne se comporte pas comme l’ancien président du PS. Où est l’impulsion ? Evidemment qu’il y a six partis dans la coalition, mais à certains moments, on doit sortir de l’observation et concrétiser des accords. J’ai identifié au moins cinq dossiers dans lesquels on aurait eu besoin d’une attitude beaucoup plus volontariste du Premier ministre.

Le fait qu’Elio Di Rupo multiplie les activités dans le Hainaut, où il sera vraisemblablement candidat en mai 2014, cela vous dérange ?

> Le Premier ministre peut occuper ses soirées comme il le souhaite. Ce qui me frappe, depuis quelques mois, c’est qu’on voit de plus en plus ressurgir l’Elio Di Rupo que je surnomme Elio-le-pathos : un Premier ministre qui passe beaucoup par l’image, par l’émotion. Cela porte visiblement ses fruits auprès d’une partie de la presse et de l’opinion publique. Je souhaiterais juste qu’il tienne encore quelques mois. Au printemps, Elio Di Rupo pourra s’exprimer pleinement dans ce registre-là. D’ici là, il reste à faire ! J’appelle à l’action plutôt qu’à la posture.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, les 5 dossiers pour lesquels, selon Denis Ducarme, Elio Di Rupo ne joue pas son rôle de Premier ministre:

– L’optimalisation de la police
– Le radicalisme islamiste
– La cybermenace
– L’Afghanistan
– La flamandisation de l’armée

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