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Démographie : De Wolf évoque la dégressivité des allocations familiales

Le député-bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf, chef de groupe MR au Parlement bruxellois a estimé mardi, « à titre personnel », que la question de la « dégressivité » des allocations familiales mérite d’être posée à l’aune de l’évolution démographique dans la Région-Capitale et alors que cette compétence est sur le point d’être transférée dans le cadre de la réforme de l’Etat.

La Réforme de l’Etat a prévu de transférer aux Communauté les allocations familiales. A Bruxelles, la Commission communautaire commune (Cocom) sera compétente. Sur Bel RTL, Vincent De Wolf a rappelé la nécessité de s’y préparer, vu les impératifs budgétaires dont il faudra tenir compte.

Le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans (PS) a jeté lundi un pavé dans la mare en suscitant un débat sur le contrôle des naissances alors que la Région fait face à une évolution démographique sans précédent. Pour Vincent De Wolf, ce débat n’a pas lieu d’être et cette proposition est « attentatoire aux libertés publiques ».

En revanche, indiquant que l’actuelle majorité bruxelloise a tardé, le député MR ne cache pas que l’enjeu démographique est un défi auquel il faut s’attaquer. A cet égard, il suggère certaines pistes, à titre personnel, telles que la « dégressivité » des allocations familiales ou un « assouplissement » de la législation régionale prévoyant des critères préférentiels de priorité pour l’octroi des logements sociaux en fonction du nombre d’enfants.

De Wolf « s’attaque aux familles mais se trompe de débat »

Le ministre bruxellois Benoît Cerexhe (cdH) a dénoncé le lancement « à titre privé » par Vincent De Wolf d’un débat sur la dégressivité des allocations familiales, initiative qui, selon le candidat-bourgmestre à Woluwe-St-Pierre « s’inscrit dans un contexte électoral où la place à la démagogie et la fustigation de l’autre tend à prendre le pas sur des valeurs fondamentales et universelles telles que la famille et la liberté individuelle ».

Pour Benoît Cerexhe, « estimer, comme semble le penser M. De Wolf, que l’on résoudrait un problème de natalité en abaissant les allocations familiales, est particulièrement déplacé et revient à dire que les enfants seraient considérés par leurs parents comme une source de financement dans le budget des ménages » (considération à laquelle M. De Wolf a cependant nié vouloir adhérer lors de son entretien sur Bel RTL, ndlr).

Néanmoins, juge l’édile cdH, l’intervention du chef de file réformateur bruxellois constitue « une injure profonde à tout parent pour qui l’arrivée d’un enfant – quel que soit son rang dans la fratrie – est avant tout un geste d’amour et un choix de vie dans le cadre d’une vie de couple et de famille épanouie ».

La sortie du député-bourgmestre d’Etterbeek, à nouveau candidat à l’écharpe maïorale, intervient en plein débat sur l’évolution démographique à Bruxelles. « Les propositions de M. De Wolf témoignent d’une profonde méconnaissance de la réalité du boom démographique que connaît la Région bruxelloise », estime M. Cerxhe. Selon lui, « M. De Wolf se trompe de débat: le boom démographique dans notre Région est moins le fait d’une natalité surabondante que d’une arrivée massive de personnes étrangères à Bruxelles qui y font choix de domicile ».

Et le ministre cdH de rappeler que « sur les quelque 520.000 ménages qui vivent en Région bruxelloise, moins de 3 pc sont composés de plus de 3 enfants (1 pc des ménages bruxellois comporte 5 enfants ou plus) ».

« Le MR attaque les enfants et les familles les moins favorisées »

Le secrétaire d’Etat aux Familles, Philippe Courard, a pris connaissance « avec consternation de la proposition du député-bourgmestre libéral Vincent De Wolf de rendre les allocations familiales dégressives à Bruxelles », indique-t-il dans un communiqué.

Le système existant d’allocations familiales est un système progressif, rappelle le secrétaire d’Etat PS, candidat, comme les autres protagonistes du débat, aux élections communales. Les montants alloués augmentent en fonction du nombre d’enfants.

A partir du 3ème enfant, et pour tous les suivants, le montant de l’allocation est de 244 euros par mois, ce qui est bien en-deçà du coût réel d’un enfant. « Toutes les études démontrent cette réalité », souligne-t-il, précisant que « selon la Ligue des Familles, le coût moyen minimum d’un enfant est de plus de 400 euros par mois », un fait confirmé par le Gezinsbond qui chiffre « le coût moyen minimum par mois d’un enfant à 455 euros ».

Les allocations familiales sont « dans de trop nombreux cas un moyen de lutte contre la pauvreté infantile », fait dès lors observer M. Courard. « En rendant les montants dégressifs, on augmenterait clairement cette pauvreté infantile, et particulièrement à Bruxelles, où l’on retrouve certaines des communes les plus pauvres du pays », ajoute-t-il.

En conséquence, Philippe Courard indique qu' »en voulant inverser le système existant, le MR attaque les enfants et les familles les moins favorisées ». Et « Monsieur De Wolf se trompe clairement de débat: ce n’est pas en affamant les enfants que l’on va régler le problème du logement à Bruxelles ».

Aux « propositions effarantes » Ecolo préfère les « politiques qui ont du sens »

Ecolo a rejeté à son tour mardi, comme le PS et le cdH, l’idée d’un débat sur la dégressivité des allocations familiales. « Il s’agit de propositions effarantes », a commenté la coprésidente des Verts Emily Hoyos.

Le débat en vue des communales s’est quelque peu animé ces dernières heures, sur fond d’enjeu démographique, avec des prises de position – recadrées – du bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans (PS) relatives au contrôle des naissances et du bourgmestre d’Etterbeek Vincent De Wolf (MR) posant la question – à titre personnel – de la dégressivité des allocations familiales.

« Depuis quarante-huit heures, on assiste à une surenchère ridicule. Après les propos maoïstes de Freddy Thielemans voilà que Vincent De Wolf affiche sa méconnaissance totale des réalités vécues par les familles nombreuses qui sont multiples, il suffit de penser aux familles recomposées », a réagi Emily Hoyos.

Face au « coût » de la vie pour les familles, la coprésidente d’Ecolo dit préférer les mesures de « soutien » aux « propositions effarantes » lancées ces dernières heures. « Il faut des crèches, des accueillantes, des logements, un soutien aux personnes âgées, de vraies politiques publiques qui ont du sens », a précisé la chef de file écologiste.

Le Vif.be, avec Belga

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