Pierre Havaux

Delphine, le test d’un Roi au-dessus des lois

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Elle est devenue le petit caillou dans la chaussure royale. Il appartient à Albert II de l’ôter avec la dignité, la sensibilité et l’élégance voulues. Un roi des Belges en est-il capable au XXIe siècle ?

« Allô Laeken? On a un problème. » Ce n’est pas tous les jours qu’ Albert II a le mauvais rôle. Mais cette fois, le vilain, l’insensible, c’est lui. Celui qui reste sourd aux appels de détresse d’une jeune femme. Celui qui refuse obstinément le geste que réclame Delphine Boël : la reconnaissance qu’il est bien son père biologique.

C’est le pas que manifestement le roi ne peut ou ne veut pas franchir. Pour des raisons qui n’appartiennent qu’à lui. Tout cela, en principe ne nous regarde pas. Le linge sale devrait se laver en famille royale, clame-t-on tous azimuts.

Pure théorie : cette affaire privée ne s’est jamais autant étalée sur la place publique. Tout le monde y va de son commentaire, de son avis sur la question.

Difficile de dégager une tendance lourde. Mais la sympathie penche naturellement pour le combat de la fille, totalement soutenue dans cette épreuve par sa mère, Sybille de Sélys-Longchamps.

Que pourra plaider Albert II pour sa défense ? Mystère : les pensées royales doivent rester impénétrables jusque dans le prétoire. Le différend en est arrivé là : l’oeuf à peler atterrira au tribunal civil. Rendez-vous en septembre pour connaître le sort que la justice réservera à la demande de Delphine d’obtenir l’ADN de membres de la famille royale. Afin de prouver qu’elle bien la fille naturelle d’Albert II.

Sale affaire et fâcheuse publicité. Elle achève de descendre le roi des Belges de son piédestal. Elle a pour vertu de faire apparaître Albert II sous les traits d’un homme somme toute ordinaire, aux prises avec un problème familial. Quoique le cheminement connaît vite ses limites : il s’arrête où commence l’inviolabilité de la personne du Roi. Elle lui permet d’échapper aux règles du droit familial imposée au commun des mortels. De se soustraire à l’action de la justice requise par sa fille.

Privilège exorbitant, jugé d’un autre âge, entre autres par le député PS Yvan Mayeur. « Les règles élémentaires que l’on demande à tous les pères et les mères doivent s’appliquer aussi au Roi. Il est temps que notre monarchie constitutionnelle entre dans le XXIe siècle. » C’est peut-être trop lui demander.

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