Le procureur du roi de Mons Tournai Christian Henry et le procureur général Ignacio de la Serna lors de la conférence de presse. © BELGA

Décès de Mawda: « Le policier qui a tiré est défait et abattu »

« Le policier qui a tiré est défait et abattu, il n’a jamais voulu, ni imaginé cela », a déclaré mardi le procureur général de Mons Ignacio De la Serna, au sujet du décès de Mawda, la petite fille kurde tuée d’un coup de feu jeudi dernier lors d’une course poursuite entre la police et une camionnette transportant des migrants, sur la E42 vers Maisières.

Ces propos ont été tenus lors d’un point presse à Mons, en présence également du procureur du roi de Mons-Tournai. Le parquet affirme qu’il n’y a eu qu’un seul tir, après « une course-poursuite dangereuse de 60 KM ».

Les procureurs ont déclaré que le juge d’instruction et le Comité P ont toute leur confiance, pour faire la lumière sur cette affaire. Ils précisent que c’est l’autopsie réalisée le jour du drame, en fin de journée, qui a permis de déterminer la cause exacte de la mort.

Directement après les faits, jeudi vers 2h15, un urgentiste avait déclaré que la fillette avait été victime d’un traumatisme crânien, ce qui avait induit le parquet en erreur dans un premier temps. Le véhicule qui transportait les migrants était immatriculé avec de fausses plaques belges.

L’avocat de la famille parle d’un « policier identifié »

Le policier qui aurait tiré le coup de feu mortel ayant entrainé le décès de la petite Mawda, a été identifié mais pas arrêté, a affirmé un peu plus tôt mardi Olivier Stein, avocat de la famille de la fillette âgée de deux ans. L’avocat, qui s’exprimait alors que la famille a indiqué vouloir accéder au rapport d’autopsie, indique « regretter le rôle obscur joué par le comité P » dans le cadre de l’enquête.

L’avocat n’a pas eu accès au rapport d’autopsie mardi matin, mais indique qu’une demande sera introduite en ce sens dans la journée, auprès du juge d’instruction chargé de l’enquête. Pendant plus d’une heure, l’avocat et la famille de la petite fille ont pu cependant consulter le dossier répressif. « La version de mes clients est largement confirmée », indique Olivier Stein à propos de ce dossier. « On sait maintenant que le tir émane de la police, que c’est un tir qui a été tiré sur la camionnette alors qu’une course-poursuite était en cours. On sait aussi qu’il n’y a aucune arme qui a été retrouvée dans la camionnette dans laquelle nos clients se trouvaient », a-t-il ajouté.

Selon l’avocat, le véhicule de police qui tentait d’intercepter la camionnette qui transportait des migrants se trouvait à hauteur de la camionnette au moment du tir, et non derrière ou devant. L’avocat se dit agacé par ce qu’il qualifie de « rôle obscur » du comité P dans cette affaire. Selon sa version de la succession d’évènements, « quelques minutes après les faits, un policier a pris l’initiative d’informer le comité P pour intervention. Le comité P a mis fin à son intervention avant d’être ressaisi par le juge d’instruction ». La famille va se constituer partie civile dans cette affaire.

Le service d’enquêtes du Comité P n’agit que « sous contrôle des autorités judiciaires »

Le service d’enquêtes P, département du Comité P en charge des enquêtes pénales, agit sous le contrôle des autorités judiciaires, rappelle mardi le Comité permanent de contrôle des services de police. Ce dernier réagit ainsi aux remarques de l’avocat de la petite Mawda, Me Olivier Stein, qui fustige l’absence d’intervention du Comité P alors que celui-ci avait été informé des faits par un policier quelques minutes après ceux-ci.

Le Comité a réagi quelques heures plus tard suite à ces déclarations auprès de l’agence Belga. Le Comité P mène trois sortes d’enquêtes: de contrôle, relatives à des plaintes et pénales, rappelle-t-il. Les deux premières sont menées sous l’autorité du Comité permanent P, les enquêtes pénales étant elles menées par le service d’enquêtes P, sous le contrôle des autorités judiciaires. Le dossier Mawda relève de cette dernière catégorie et l’enquête se déroule donc sous l’autorité du juge d’instruction. Le service d’enquêtes P n’informe d’ailleurs pas le Comité permanent P en la matière, précise-t-on. L’appel d’un policier pour informer le Comité P des faits n’aurait donc pas été un élément suffisant pour qu’une enquête pénale du service d’enquêtes soit ouverte, ressort-il du communiqué du Comité.

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