Pierre Havaux

De Wever se prend pour Luther en guerre contre le péché socialiste

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le Grand Timonier de la N-VA avait un invité-surprise à la grand-messe nationaliste flamande de ce week-end : le moine allemand Luther, grand mystique du XVIe siècle tourmenté par le problème du salut et indigné par les vices de l’Eglise catholique. C’est le salut de la Flandre qui tourmente De Wever et les vices du modèle socialiste qui l’indignent.

Quoi de neuf sur la planète N-VA ? Pas grand-chose, en somme. Si ce n’est la confirmation qu’elle est pour l’instant toujours aussi bien peuplée. Habitée par des tas de gens gonflés à bloc qui en ont manifestement un peu le ras-le-bol de se sentir Belge et plus encore d’être obligé de partager cette identité avec le voisin wallon et même bruxellois.

L’alternative à cette grande contrariété qui prospère en Flandre? Elle n’est pas sortie plus limpide de trois jours de cogitations internes qui ont mobilisé les nationalistes flamands à Anvers.

L’électeur flamand se voit proposer un modèle plus ou moins abouti, livré clé sur porte avec néanmoins pas mal d’options.

Foi de N-VA, la Belgique est mûre pour le confédéralisme, mais l’indépendance de la Flandre reste inscrite dans les gènes des nationalistes et logée dans un coin du cerveau de leurs têtes pensantes. C’est le virage économique à droite qu’il faut résolument emprunter, mais il sera négocié avec quelques accents sociaux pour amortir le choc.

Rien de bien décoiffant. La première formation politique de Flandre n’allait pas changer une formule destinée à ratisser large et à ne pas effaroucher le « hardwerkende Vlaming », l’honnête travailleur flamand.

Bart De Wever avait mieux à annoncer aux 4.000 militants présents à la clôture de la grand-messe nationaliste : « l’heure de la N-VA a sonné. » Manquerait plus que ça. Si après une telle démonstration de force, la victoire ne sort pas des urnes au soir du 25 mai, ce sera à désespérer de tout. De Wever et ses lieutenants pourront alors aller se rhabiller pour cinq ans d’opposition. L’enfer.

Non, De Wever croit dur comme fer à sa mission. A son rendez-vous avec l’Histoire. L’historien qui ne sommeille jamais en lui, a fouillé le passé pour se rassurer. Bart de Wever a servi à ses ouailles un autre adepte du « verandering », du « changement » , à ses ouailles : Martin Luther en personne, mort depuis 468 ans, cité à la barre du congrès de la N-VA en guise d’exemple à méditer.

De Wever – Luther, même combat. Deux grands hommes qui étaient faits pour s’entendre. Le moine allemand du XVIe siècle n’a-t-il pas osé s’élever contre les vices, la corruption et les folies dépensières des prélats romains ? N’a-t-il pas fini par avoir raison de la toute-puissance de l’Eglise catholique en imposant son plan B sur le plan religieux ? Ce diable de Luther n’a même pas craint de risquer le bûcher et a encouru l’excommunication pour ses convictions.

De Wever ne court plus ce genre de risque. Raison de plus pour clamer haut et fort ses affinités avec ce mystique tourmenté par le problème du salut et convaincu que seule la foi sauve. Le salut en jeu aujourd’hui, c’est celui de la Flandre. Et « les forces du mal » à combattre et à renverser, c’est la toute-puissance de la religion socialiste, ses vices et ses travers financiers. Combat de titans, comme il en existe peu dans l’Histoire. On sait où il amené le continent européen : à plus d’un siècle de guerres de religion. Ca promet.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire