Bart De Wever © Belga

De Wever: « Quand on est dans une majorité gouvernementale, il faut parfois avaler certaines choses »

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

Au cours de la dernière phase de la législature, la confiance au sein de la coalition fédérale s’est révélée trop réduite pour réaliser un équilibre budgétaire, a déclaré Bart De Wever venu défendre le parcours économique du gouvernement Michel dans l’émission Terzake.

C’est une critique qui « fait mal » parce qu’elle est « justifiée », a expliqué le président de la N-VA Bart De Wever : il y a trop peu de cohésion et de confiance dans la coalition fédérale pour mettre les finances publiques au point. « 

De Wever a sorti son lot de bonnes nouvelles: les dépenses publiques sont réduites, la création d’emploi dans le secteur privé augmente, et les impôts ont baissé. Entre-temps, le déficit budgétaire a considérablement baissé : de 3% à 0,7%. (Jan Cornillie, directeur politique au sp.a, a indiqué que d’après la Commission européenne le déficit structurel ne serait pas de 0,7, mais de 1,7%.

C’est précisément là que le bât blesse, car à l’entrée en fonctions du gouvernement Michel, c’est surtout la N-VA qui avait souligné que le déficit budgétaire serait effacé au cours de cette législature. Le président de la N-VA a dû admettre qu’il s’attendait à plus, mais il a également indiqué que la réalité politique avait dépassé les objectifs budgétaires. « La résistance est sous pression », a-t-il dit.

En cause, d’après De Wever, les élections communales imminentes qui font que les partis ne se concèdent presque plus rien. « Aujourd’hui, la capacité d’obtenir un résultat ‘donnant donnant’ est hypothéquée par la situation politique. » Il cite également la situation à Anvers où la venue du vice-premier ministre Kris Peeters a malmené la confiance entre la N-VA et le CD&V.

« J’ai trouvé ça honnête de sa part », déclare le politologue Carl Devos (Université de Gand). « Bien entendu, nous savons depuis longtemps que le gouvernement a abandonné son objectif budgétaire à mi-chemin – même avant la moitié de la législature. C’est vrai que la niaque a disparu. Elle a disparu depuis des années, et ne reviendra pas rapidement. Ce n’est pas tant dû aux élections, qu’à une attitude idéologique et politique fondamentalement différente qui empêche les partenaires de la coalition d’aboutir à une grande politique budgétaire. Je me pose la question s’ils arriveront à un compromis après les élections. »

Pourtant, De Wever se ménage encore une porte de sortie: après les élections communales, il reste lui sept mois pour se consacrer ses efforts à un budget en équilibre. Devos : « Je ne comprends pas comment De Wever ose penser ça. On ne peut vraiment pas espérer qu’après le 14 octobre, quand chacun se mettra à regarder les élections convergentes de 2019, les partis se retrouveront. C’est tout à fait impossible, cela n’arrivera plus. »

Frère

De Wever est également revenu sur la nomination de Cédric Frère au Conseil de Régents de la Banque Nationale. À nouveau, le président du parti a évoqué le ‘donnant-donnant’: « dans un contexte majoritaire, il fait parfois avaler certaines choses. » La nomination du petit-fils d’Albert Frère a eu lieu sur proposition du MR. De Wever : « Il n’est pas agréable de se voir demander des comptes, car au fond on n’y peut rien. » Opposer son véto à la proposition d’un autre parti est exclu, à moins de vouloir un véto contre sa proposition, a ajouté De Wever.

« C’est possible. Si on est vraiment sérieux, il y a moyen », estime Devos. « Quand la N-VA fait grand cas de quelque chose, elle s’est souvent révélée prête à briser le consensus : voir les discussions sur les métiers pénibles ou la sortie nucléaire. L’argument, c’est que là il s’agit de milliards et que ces dossiers revêtent une grande importance politique. C’est la preuve que le parti accorde peu d’importance à cette nomination de Cédric Frère. Et cela pour un parti qui allait installer une nouvelle culture politique. »

C’était également la critique de la présidente de Groen Meyrem Almaci, qui s’en est violemment prise à la fraction N-VA la semaine dernière à la Chambre. « Je me demande pourquoi Almaci allume ce micro. Elle parle toujours tellement fort », a réagi De Wever. Mais il admet que les critiques l’avaient touché. « L’opposition doit faire de l’opposition, et doit frapper là où ça fait mal. Évidemment, cela fait mal. »

Un peu plus tard, Almaci a déclaré qu’elle voulait le dire en chuchotant: « Il ne s’agit pas de qui est touché, mais pourquoi cela arrive encore aujourd’hui. De Wever essaie de détourner l’attention. La N-VA s’est présentée aux élections en promettant de cesser ce genre de magouilles. Aujourd’hui, ils s’empressent de décrocher les postes en échange de la nomination du Frère suivant. Et si ce n’est pas défendable, il cite d’autres partis. Il appelle ça donnant-donnant, mais il montre que la N-VA est un véritable parti au pouvoir, avec l’arrogance que cela implique. »

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