Pierre Havaux

De Wever – Di Rupo, la rumba des pandas

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Haohao et Xinghui n’imaginent pas l’endroit où ils ont mis les pieds en débarquant en Belgique. Cela vaut mieux pour eux. Après Di Rupo qui les a reçus comme des rois, De Wever se déguise en panda. C’est quoi ce cirque ? Une campagne électorale à l’ère du buzz médiatique.

Coucou le revoilà. Et en panda. On dit Bart De Wever physiquement mal en point, on croit son état de santé défaillant, son absence des débats télévisés préélectoraux commençait à sérieusement inquiéter. Et puis cette apparition soudaine du président de la N-VA déguisé en panda de la tête aux pattes, en plein show télévisé flamand, fait plus qu’un tabac. Elle tient de la résurrection. Elle relève surtout d’un art magistral de dérouter.

On ne sait plus quoi penser avec lui. Bart de Wever est-il malade au point de devoir économiser ses forces et ménager ses efforts, au point de ne pouvoir battre la campagne en pleine possession de ses moyens ? Sa courte prestation en panda ne dissipe pas le doute. C’est sur la durée que le constat se vérifiera ou pas.

On attend du chef de file du premier parti de Flandre autre chose que de faire le pitre ? Il n’est pas sûr que le rôle de bouffon que De Wever aime endosser avec un talent consommé nuise à la portée ou à la crédibilité de ses propos auprès des électeurs flamands.

Ce n’est évidemment pas tant les pandas qu’aime Bart De Wever. Ce qu’il raffole, c’est de se payer la tête de son grand adversaire de l’autre côté de la frontière linguistique. En défiant Elio Di Rupo, en le narguant sur son terrain favori, celui de la communication politique. En usant de son arme favorite : le coup médiatique.

Le Premier ministre socialiste avait tendu la perche. « J’aime les pandas », avait confessé à la Chambre Elio Di Rupo. Il y avait plus que de l’amour dans cette déclaration. Il y avait du sens de l’Etat. Qui a poussé le Premier fédéral à accueillir en grandes pompes à l’aéroport de Zaventem les deux adorables plantigrades invités à un séjour prolongé en terre wallonne. Il fallait bien sortir le grand jeu, sous peine de vexer horriblement le partenaire chinois, ce qui est toujours très mauvais pour le business. Il fallait être de mauvaise foi, disait-on, pour y soupçonner l’exhibition d’un candidat socialiste, petit panda en peluche à la main, à quelques mois des élections.

Bart De Wever voit toujours grand : il a opté pour le déguisement grandeur nature en guise de réponse du berger à la bergère. N’importe quoi pour se faire remarquer ? Il y a de cela.

Trêve de plaisanteries : on attend à présent du contenu, du programme, de la profondeur, du débat. De la part de Bart De Wever, comme d’Elio Di Rupo. Ces deux-là s’évitent, tardent à tomber le masque, laissent les lieutenants chauffer les salles. Un panda se hâte toujours lentement.

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