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De longs applaudissements au terme d’une prestation de serment sans incident

Le Vif

C’est dans la solennité, mais également dans la convivialité que le roi Philippe a prêté serment dimanche midi dans l’hémicycle de la Chambre des représentants.

Pour la première fois depuis 1865 et la prestation de serment de Léopold II, il n’y a pas eu d’incident, pas de « Vive la république » au moment où le nouveau roi s’est exprimé.

Contrairement à leur président de parti, Bart De Wever, une dizaine d’élus N-VA étaient présents dans l’hémicycle dont les chefs de groupe, à la Chambre et au Sénat, Jan Jambon et Huub Broers, ainsi que le président du Parlement flamand, Jan Peumans, assis au premier rang aux côtés des présidents d’assemblée des entités fédérées. Plus étonnant encore, le député républicain Jean-Marie Dedecker avait également fait le déplacement. Tous n’ont cependant pas accueilli par des applaudissements les interventions royales du jour, boycottées, comme en 1993, par le VB.

Il était 11H30 lorsque le président de la Chambre André Flahaut a déclaré « ouverte » la séance des Chambres réunies. Avec la présidente du Sénat Sabine de Béthune, il a donné lecture de l’acte d’abdication du roi Albert II avant de suspendre la séance pendant un quart d’heure.

Le bruissement prenait le pas sur la solennité, quelques éclats de rires se faisant entendre parmi des parlementaires volontiers guillerets ou dans le chef du ministre Servais Verherstraeten, adepte de la chose. Laurette Onkelinx montrait du doigt en tribunes quelques convives. Le Premier ministre Elio Di Rupo profitait de la pause pour saluer quelques unes des nombreuses autorités ayant pris place dans l’hémicycle. Outre les dignitaires militaires et les représentants de l’Ordre judiciaire (Cour constitutionnelle, Cour de cassation, Conseil d’Etat…), on reconnaissait également tous les premiers ministres depuis 1979: Wilfried Martens, Mark Eyskens, Jean-Luc Dehaene, Guy Verhofstadt et Yves Leterme ainsi que d’anciens présidents de la Chambre et du Sénat. Outre les gouverneurs de province, des ministres d’Etat avaient pris place dans l’assemblée, ainsi que des chefs de cabinet et hauts fonctionnaires, le gouverneur de la Banque nationale.

En vue également, certains ministres des entités fédérées venaient s’ajouter au panel des ministres fédéraux. Tous les ministres-présidents étaient assis au premier rang. Le chef de cabinet sortant du Roi, Jacques van Ypersele de Strihou, se tenait non loin de la famille royale… comme son successeur pressenti, le diplomate Frans Van Daele.

Remarquée, la présence du président de la Commission José Manuel Barroso dans une cérémonie teintée d’accents européens: le drapeau étoilé cotoyait les trois couleurs nationales alors que l’hymne à la joie ponctuait, après la Brabançonne, un discours royal en partie consacré à la solidarité européenne.

En l’absence de cardinal habituellement présent aux premiers rangs dans l’hémicycle, l’archevêque André Léonard se trouvait en tribune avec les représentants du culte et de la laïcité, non sans participer à la convivialité générale en levant la main du président du CAL Pierre Galand, suscitant quelques rires dans les travées.

Dans les tribunes également, quelques ambassadeurs dont l’Américain Howard Gutman et le nonce apostolique.

Arrivés à 12H sous les applaudissements, les quatre enfants du nouveau roi se sont installés au premier rang de la tribune royale. Se retournant et saluant, manifestement gagnée par l’euphorie ambiante, la jeune princesse Eléonore fut gentiment rappelé à l’ordre par l’un de ses frères. La reine Fabiola salua l’ancien Premier ministre du roi Baudouin, Wilfried Martens avant de gagner son siège et d’agiter, comme d’autres dans la salle, un éventail pour faire face à la chaleur montante. Les applaudissements redoublèrent d’intensité et l’hémicycle se leva pour accueillir la nouvelle reine Mathilde, vêtue de blanc, puis Albert et Paola, eux-mêmes suivis des princes et princesses, Astrid, Lorenz, Laurent et Claire.

A 12H10, retentit le traditionnel « De Konning, Le Roi, Der König » crié, comme il y a 20 ans, par l’huissier de la présidence du Sénat, Michel Van Damme. Les 500 invités se levèrent une nouvelle fois pour réserver un tonnerre d’applaudissements au nouveau roi Philippe apparaissant, vêtu de son uniforme de général de l’armée de terre et portant l’épée. A l’invitation du président de la Chambre, il prononça, debout devant le trône, sans anicroche, le serment constitutionnel dans les trois langues nationales, profitant de la nouvelle minute d’ovation pour scruter l’ensemble des corps constitués et jeter un oeil vers les tribunes en terminant par ses proches.

Dans un discours lu sobrement, sans grande emphase mais avec assurance, le nouveau roi fit connaître sa volonté de se mettre au service de tous les Belges, en parfaite entente avec le gouvernement et dans le respect de la Constitution, et souligna son ambition d' »entretenir des contacts constructifs » avec les responsables des entités fédérées, celles qui, après la réforme de l’Etat, exerceront des compétences au plus près du citoyen. Selon le nouveau chef de l’Etat, de quoi donner au pays « un nouvel élan d’enthousiasme ».

Manifestement soulagé, le Roi put alors laisser échapper quelque sourire au terme d’un discours plus personnel qu’Albert II qui, il y avait 20 ans, avait cité Tocqueville, dans un appel à lutter contre les égoïsmes.

Mettant fin à la cérémonie, la musique de la composante navale a entrepris la Brabançonne et l’hymne européen. La convivialité repris une nouvelle fois le dessus, Monseigneur Léonard prenant la main de Pierre Galand, la ministre flamande Freya Van den Bossche, la ministre bruxelloise Evelyne Huytebroeck et la sénatrice Marie Arena, portant des robes, respectivement noire, jaune, rouge, posant pour lesphotographes.

La Belgique a son septième roi, le premier à prêter serment un 21 juillet depuis Léopold I, il y a 182 ans.

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