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De Gucht met la classe politique belge en garde

Le Commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, n’a pas mâché ses mots mercredi à propos de la situation politique en Belgique. Il a mis en garde la classe politique contre les « risques énormes » qu’elle faisait courir au pays.

« Pressés par des dogmes politiques sur des élections qui ne peuvent pas coïncider, des circonscriptions électorales symboliques et poursuivis par des promesses électorales irréalistes d’une réforme de l’Etat qui ferait tomber la manne céleste sur les disciples, certains ne voient pas qu’ils jouent avec le feu en mettant à terre la gestion du pays », a déclaré M. De Gucht lors de la remise du prix du Manager de l’année.

Le Commissaire européen a également mis en garde les francophones: la minorité a des droits mais elle n’a pas le droit d’étouffer ou de simplement contrarier les choix politiques ou économiques de la majorité. « La protection de la minorité ne peut se traduire par un veto permanent », a-t-il ajouté.

Et de rappeler la différence entre les taux d’intérêt des obligations allemandes et belges proche d’1,5 pc. « A cause de notre malaise politique, beaucoup plus que du fait des caractéristiques fondamentaux de notre économie, nous commençons à être traités comme les pays les plus faibles de la zone euro avec ‘le goudron et les plumes’. Un ‘own goal’ impressionnant! « , a-t-il souligné.

Leterme plus rassurant


Le premier ministre Yves Leterme s’est voulu plus rassurant, en faisant remarquer que la croissance de l’endettement de la Belgique était le plus faible de la zone euro ou en insistant sur les bons résultats budgétaires.

M. Leterme n’a toutefois pas nié que la réforme de l’Etat constitue l’un des trois défis majeurs qui attendent le pays. Il a à son tour adressé une mise en garde aux négociateurs tout en se gardant bien de se prononcer sur le contenu des négociations.

« Côté timing, je tiens juste à rappeler que l’on ne négocie pas dans le vide. Les marchés financiers sont inquiets par rapport à la santé des finances publiques en Europe et demandent que des mesures soient prise pour améliorer les soldes budgétaires », a-t-il expliqué.

L’autre difficulté à laquelle est confrontée la Belgique est son taux d’activité trop faible, un problème plus aigu, selon le premier ministre, que le niveau de la dette publique ou du déficit budgétaire qui implique la mise en oeuvre de nouvelles réformes du marché du travail. Le problème qui se pose est qu’un nombre insuffisant de personnes sont actives sur le marché de l’emploi et que le potentiel des femmes, des personnes peu qualifiées, des jeunes, des immigrés et des personnes âgées n’est pas pleinement mis à profit sur le marché de l’emploi », a-t-il dit.

Le premier ministre a aussi rappelé l’importance d’un accord interprofessionnel pour apaiser le climat en Belgique. Il a appelé les partenaires sociaux à consentir un effort particulier tout en les avertissant que le gouvernement ne disposait pas de moyens financiers supplémentaires. Le gouvernement et le parlement ont préservé les chances de la concertation en prolongeant d’un mois les mesures anti-crise. Ce n’est que si l’ensemble des acteurs consent à un effort particulier qu’un nouvel accord interprofessionnel pourra voir le jour. La situation budgétaire étant ce qu’elle est, cet accord ne pourra pas être facilité par des moyens publics », a-t-il fait remarquer.

Vers « d’autres solutions » si la N-VA est incapable de faire un compromis

Par ailleurs, le commissaire européen Karel De Gucht a estimé sur Eén (VRT) que si la N-VA n’était « pas en état » de conclure un compromis, les autres partis devaient, eux, essayer de le faire.

« Si la N-VA, pour des raisons politiques que je respecte, n’est pas en état actuellement de conclure un compromis sur la réforme de l’Etat, alors il faut penser à d’autres solutions », et cela vaut pour « tous les autres partis », a-t-il déclaré au cours de l’émission radio « De Ochtend ».

M. De Gucht, connu pour son franc-parler, ouvre ainsi une brèche dans le discours des partis flamands qui jusqu’ici ne disent envisager aucune possibilité de compromis sans le parti de Bart De Wever, devenu avec 17,4 pc la première formation politique du pays.

« Je crois que Bart De Wever, pour une fois, a raison. Soit on s’en sort à très court terme et alors je comprends que cela se fasse selon ses critères, qui sont intenables selon moi. Soit on doit passer à autre chose. Et ce que je constate surtout alors, c’est que tous les partis (flamands, ndlr) craignent énormément cela sans impliquer la N-VA », a commenté Karel De Gucht.

Le Vif.be, avec Belga

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