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De Destrée à De Wever, un même credo

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

« Sire, il n’y a pas de Belges… », écrivait en 1912 le wallingant Jules Destrée au roi Albert. « La Belgique, une addition de deux démocraties », clame le N-VA Bart de Wever cent ans plus tard. Mark Eyskens (CD&V) découvre bien des affinités entre l’autonomiste wallon et le nationaliste flamand.

Albert Einstein à la rescousse. Mark Eyskens sait s’entourer pour appuyer son nouveau plaidoyer antinationaliste (1). L’ex-Premier ministre CD&V n’hésite pas à citer l’illustre savant à la barre pour avoir dit un jour : « Le nationalisme est une maladie infantile : la rougeole de l’humanité. » Piqûre de rappel bien utile : la Belgique n’est nullement vaccinée contre la variante flamande, antibelge et séparatiste, du nationalisme. Morceaux choisis :

Sur la mémoire : « Après les dernières élections communales de 2012 dans certaines communes flamandes, les emblèmes belges ont été enlevés des maisons communales et des édifices publics. Le chant de la Brabançonne y a été mis à l’index, alors que les ceintures ventrières tricolores portées par les bourgmestres étaient bannies à l’initiative de la N-VA. Les braves types qui ont pris ces instructions à la lettre ne se sont pas rendu compte que ce genre d’interdits était imposé aux Belges sous l’Occupation nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale. »

Sur l’esprit de revanche : « Le nationalisme antibelge et séparatiste a été généré en grande partie par le comportement asocial de l’élite francophone. (Mais) une politique revancharde à l’égard de la Belgique, de la part de certains milieux flamingants, tant de décennies plus tard, n’est ni rationnelle ni productive. Dans les milieux nationalistes d’aujourd’hui, pas mal de descendants de ceux qui avaient sympathisé avec l’occupant allemand sont actifs sur le plan politique et se trouvent animés d’un esprit de revanche contre la Belgique qui aurait trop sévèrement condamné leurs grands-parents. »

Sur les similarités Destrée-De Wever : « Très étonnant est le constat que cent ans après la célèbre lettre de Jules Destrée (NDLR : « Sire, il n’y a pas de Belges… »), l’attitude en matière communautaire adoptée par le nationaliste flamand De Wever est l’image réfléchie de l’analyse faite au début du XXe siècle par les autonomistes wallons, Jules Destrée en premier lieu. De Wever, lui aussi, affirme que la Belgique est composée aujourd’hui de deux démocraties bien différentes qui n’ont plus rien de commun. […] La seule divergence d’opinion entre Destrée et De Wever est que ce dernier ne préconise pas le rattachement de la Flandre aux Pays-Bas alors que Jules Destrée était partisan d’une absorption de la Wallonie par la France. »

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