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De Crem refuse encore le « sas de décompression »

Les syndicats militaires souhaiteraient que les soldats de retour de mission en zone sensible, comme par exemple en Afghanistan, puissent bénéficier d’un séjour de décompression pour se réacclimater à la vie courante. Pieter De Crem a refuse pour la seconde fois cette proposition.

Les syndicats militaires ont accueilli lundi fraîchement l’annonce du nouveau refus du ministre de la Défense, Pieter De Crem, de faire transiter les militaires de retour de mission en Afghanistan par un « sas de décompression » à Chypre, pour les réacclimater à la vie en famille, pourtant prôné par l’état-major. « Nous trouvons l’idée d’un tel sas de décompression très importante pour les militaires qui, par exemple, à Kunduz (nord de l’Afghanistan) ont été confrontés aux talibans ou ont été témoins d’un attentat-suicide », a affirmé le président du Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP)-Défense, Erwin De Staelen, à l’agence BELGA.

La Défense ne fait rien pour le suivi de nos militaires, alors qu’ils réalisent un excellent travail sur le terrain, a ajouté le président du syndicat libéral. L’armée a par deux fois tenté de convaincre M. De Crem (CD&V) d’autoriser une période d’accompagnement psychologique durant trois jours à Chypre, comme le font déjà d’autres armées, afin de permettre aux militaires de se réadapter en douceur à la vie de famille. Mais le ministre a maintenu son refus, en indiquant que le dossier présenté ces jours-ci par le chef de la Défense (CHOD), le général Charles-Henri Delcour, ne contenait aucun élément nouveau par rapport à celui déjà refusé en octobre dernier pour un contingent rentrant de six mois de mission à Kunduz.

En octobre, M. De Crem avait affirmé, pour justifier sa décision, que « les moyens actuels (en matière d’assistance psychologique lors d’une telle mission ou à son issue) sont suffisants ». M. De Staelen a défendu le choix fait par l’armée d’un hôtel de luxe pour un tel sas de décompression, qui nécessite selon lui, suffisamment d’espace, comme des salles de réunion. Selon M. De Staelen, un tel séjour ne s’impose toutefois pas pour toutes les missions. « Il faut regarder situation par situation », a-t-il fait valoir. Un point de vue partagé par le secrétaire permanent de la Centrale général des Services publics (CGSP)-Militaires, Dirk Deboodt. « Il y a une différence entre une opération de formation de l’armée congolaise, une opération de déminage au Liban ou une mission en Afghanistan », a expliqué le responsable du syndicat socialiste. Selon lui, un tel séjour est utile après une mission en Afghanistan, en raison du stress accumulé dans des endroits comme Kunduz ou Kandahar (sud).

La Centrale générale du Personnel militaire (CGPM, apolitique) a pour sa part réclamé un bon accompagnement psycho-social avant et durant la mission, ainsi qu’un bon suivi. « La décompression peut éventuellement être un élément de ce suivi », a expliqué son président, Emmanuel Jacob, qui a aussi plaidé pour une approche différenciée, selon les circonstances auxquelles les militaires ont du faire face. « Cela n’a pas d’importance qu’un tel séjour ait lieu à Chypre, en Crète ou Coxyde », a-t-il souligné.

LeVif.be avec Belga

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