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Danny Pieters, ce curieux président

A la trappe, le Sénat ? La N-VA en rêve. En attendant, c’est l’un des siens, Danny Pieters, qui règne sur l’assemblée.

C’est la dernière manifestation du surréalisme belge. Danny Pieters, président du Sénat de Belgique, veut 1) supprimer la Belgique, 2) supprimer le Sénat. Les deux points sont stipulés noir sur blanc dans le programme de son parti. Mais dans quelle mesure tient-il à leur stricte application ? Lors de son allocution de Nouvel An, Danny Pieters a reconnu que « les négociations en cours semblent évoluer non pas vers la suppression du Sénat, mais vers sa réforme en profondeur ». A la N-VA, certains échafaudent une autre hypothèse : dans une Belgique confédérale, mieux vaudrait supprimer la Chambre, et garder le Sénat. « En tout cas, conserver le Sénat sous sa forme actuelle, c’est exclu, tranche Karl Vanlouwe, l’une des étoiles montantes du parti. Il faut soit le transformer en un lieu de rencontre entre les deux communautés, flamande et francophone, soit le supprimer. »

La perspective n’empêche pas le nouveau maître du perchoir d’avoir pris goût à sa fonction, qu’il exerce dans un style volontiers autoritaire. Rik Daems (Open VLD) l’a appris à ses dépens, lui qui papotait avec un collègue. « M. Daems, je vous prie d’arrêter de perturber la réunion », a sermonné l’orgueilleux Danny Pieters. Pan sur les doigts.

A part ça, le président montre peu d’empressement à animer l’institution qu’il dirige, déplore la socialiste Marie Arena. « Vu le programme de son parti, il n’a pas intérêt à faire vivre le Sénat. Les séances plénières, qui sont quand même le lieu du débat démocratique, ne sont plus convoquées qu’une fois toutes les lunes. » « Ce que l’on ressent chez lui, c’est plutôt une envie d’écarter le Sénat des cérémonies patriotiques », nuance quelque peu le libéral Armand De Decker, belgicain assumé. Ainsi, Danny Pieters a refusé de se rendre au mémorial de Breendonk, ancien camp de concentration nazi. Il n’a pas non plus voulu assister aux commémorations des Journées de septembre, place des Martyrs, en l’honneur de la Révolution belge.

Son credo : rendre le Sénat « moderne, efficace et économe ». « En temps de crise, nous devons montrer l’exemple et épargner nous aussi, appuie Karl Vanlouwe. Il est question de limiter certaines indemnités. La N-VA souhaite aller plus loin dans les économies que les autres partis. » Le vertueux plaidoyer fait doucement rigoler Bart Tommelein, sénateur Open VLD (et ancien de la Volksunie). « Les gens de la N-VA veulent économiser sur tout, parfois sur des peanuts, s’agace-t-il. Juste pour l’image. Il est devenu de bon ton de proclamer : finis les voyages parlementaires, faut économiser. On oublie qu’un Parlement ne peut vivre sans contacts internationaux. »

F.B. et TH.D.

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