Lucien D'Onofrio en 2010. © Belga

D’Onofrio :  » Si je peux encore aider Liège, je le ferai « 

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Parti de rien, il a été l’agent de joueurs le plus puissant du foot européen. Depuis lors, il multiplie les aller-retour entre l’ombre et la lumière. Ancré dans son fief liégeois, il rayonne dans le monde entier. Notre enquête sur un homme influent, l’un des plus secrets du royaume.

En cinquante-neuf ans d’une existence plus tumultueuse que bien des personnages de roman, Lucien D’Onofrio a tout connu : le luxe, la volupté, le calme parfois, les ovations, la déférence, les trahisons, la mort d’un frère, les délires du foot-business, l’effondrement de la classe ouvrière, les morsures de l’argent, les foudres de la justice… Il y a en lui du Rastignac, du Corto Maltese, du Crassus et du Crésus, et du Calimero, aussi. Mais sa biographie reste à écrire. Et si un auteur téméraire s’y attelle, il ira au-devant de mille difficultés. Car la vie du plus célèbre des ex-agents de joueurs de football est comme la dentelle de Bruges : remplie de trous. Sur ces zones d’ombre, sur ces ellipses, il flotte un brouillard que l’intéressé n’a manifestement aucune envie de dissiper. Lui qui a horreur de s’étendre sur ses faits et gestes devra pourtant s’expliquer, selon toute vraisemblance. Inculpé pour divers chefs de fraude fiscale et de blanchiment d’argent dans le cadre de sa gestion passée du Standard, Lucien D’Onofrio fait l’objet d’un renvoi devant le tribunal correctionnel de Liège, au même titre qu’une trentaine d’autres personnes. « Le procès devrait se tenir dans un avenir relativement proche, d’ici quelques mois », confirme-t-on du côté de la justice liégeoise.

Lui, il reste le plus discret possible. Pas d’interview à la presse. Mais une phrase, qu’il nous a lâchée lors de l’enquête que Le Vif/L’Express de cette semaine lui consacre : « Si je peux aider Liège, je le ferai, dans la mesure de mes possibilités », répond-il. Avant de préciser : « Cette phrase-là, vous pouvez l’écrire. » Quelques minutes plus tard, il se ravise. « Notez plutôt : si je peux encore aider Liège, je le ferai. Car j’ai déjà aidé Liège. »

Quel est la signification exacte de son propos ? Vise-t-il des investissements dans l’immobilier, de grands projets dans le secteur Horeca ? Rêve-t-il d’un retour à la tête du Standard, au cas où l’actuel président, le si contesté Roland Duchâtelet, lâcherait prise ? Ambitionne-t-il secrètement de transformer le club de Seraing, aujourd’hui en Division 2 et dirigé par l’un de ses amis, en un blockbuster du foot belge ? Vise-t-il plutôt un rôle d’intermédiaire informel au service des décideurs publics liégeois, grâce à ses multiples contacts sur les cinq continents ? Songe-t-il à investir une partie de sa fortune dans l’industrie locale ? Ou cherche-t-il à polir son image, alors que ses ennuis judiciaires s’amoncellent ?

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, l’enquête « L’énigme D’Onofrio ».

  • son itinéraire, de Suio Alto, entre Rome et Naples, à la rue Bonne Fortune, à Liège
  • sa carrière d’agent, d’Ans à Marseille
  • ses réseaux

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