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Crise: les commentaires de la presse flamande

La démission d’Yves Leterme fait la Une de la presse flamande. Plusieurs journaux pointent la responsabilité de tous les partis du gouvernement Leterme II. Les éditorialistes soulignent la fragilité de la Belgique dont le Roi va devoir bientôt choisir entre la peste (chercher une solution miracle) et le choléra (des élections illégales).

Tous les partis du gouvernement Leterme II portent une part de responsabilité dans l’échec des négociations sur Bruxelles-Hal-Vilvorde, estime Liesbeth Van Impe dans Het Nieuwsblad. « Le CD&V a décidé il y a longtemps déjà qu’il ne voulait en aucun cas d’élections et n’a cessé d’envoyer aux francophones le signal qu’il était possible de réussir même sans scission ».

Selon l’éditorialiste, l’Open Vld avait besoin d’un nouveau président pour comprendre qu’il se faisait avoir et ce jeune président a opté pour le forcing. « Didier Reynders n’a jamais laissé plus de quelques millimètres d’espace de manoeuvre entre son MR et l’insaisissable FDF. Quant au PS et au cdH, ils se sont toujours rangés derrière le MR et donc le FDF ».

Pour Paul Geudens de la Gazet van Antwerpen, un seul responsable est à désigner: Olivier Maingain, président du FDF et vice-président du MR. « Il ne veut pas d’accord sur BHV. Il a balayé le travail préparatoire de Jean-Luc Dehaene. Maingain a son propre cadre de négociation. Il ne veut pas de timing. Plus il y a de querelle dans ce dossier, meilleur est le résultat pour lui. » Paul Geudens parle non seulement de crise politique mais aussi de crise de la Belgique.

Un gouvernement de transition aurait peu de sens, selon De Tijd. « Pendant la présidence belge de l’Union européenne, les ministres auraient pu s’agiter devant les caméras. Il n’en reste pas moins que ce gouvernement aurait à nouveau été confronté par la suite à BHV, sur lequel il serait quand même tombé, avec des élections en vue », estime Wim Van De Velden.

Pour rompre l’immobilisme, pas besoin de solutions de transition, mais d’un nouveau départ, selon De Tijd. « La difficulté à court terme d’élections est préférable à des constructions artificielles qui nous feraient perdre encore plus de temps », écrit Wim Van De Velden.

Het Belang van Limburg rappelle que certains partis de l’opposition flamande demanderont jeudi la mise à l’ordre du jour de la séance plénière de la Chambre des propositions de loi flamandes sur la scission de BHV, et qu’alors le CD&V devra montrer son vrai visage, selon Eric Donckier.

« Voter contre la mise à l’ordre du jour se résumerait à une trahison de ses propres demandes et de ses promesses électorales de scission de l’arrondissement électoral. Voter avec les partis flamands signifierait un vote Flamands contre Francophones et la rupture de confiance définitive », conclut Eric Donckier.

Pour Bart Sturtewagen (De Standaard), la Belgique est en train d’éprouver les limites de l’absurdité. « Les élections seront illégales, selon l’interprétation de la Cour constitutionnelle. On se retrouvera bientôt dans le domaine de l’improvisation institutionnelle. L’obligation dans une démocratie de tenir des élections doit-elle primer? Ou organise-t-on un scrutin jonché de procédures juridiques, de désobéissance civique voire de refus de présenter des listes », interroge-t-il.

Ce constat amène, selon Bart Sturtewagen, la question de la possibilité d’un avenir commun sous le toit belge pour les Flamands et les Francophones. « Les Francophones constatent la confirmation de leur crainte de voir la volonté des Flamands de suivre leur propre chemin. Les Flamands constatent la confirmation de leur frustration de voir qu’il n’existe avec les Francophones aucune possibilité d’accord respectant leurs frontières ».

Pour Yves Desmet (De Morgen), désigner un responsable de la crise ne vaut que pour la galerie. « Ce gouvernement n’en a jamais été un, il n’a jamais trouvé d’unité ni de projet, il a été en permanence l’otage de la méfiance interne qui n’a fait que croître, à l’exception de l’intermède Van Rompuy, lorsque le pays se satisfaisait de ce que rien ne se passe, parce que c’était toujours mieux que ce que le gouvernement Leterme a cuisiné ».

Pour Luc Van der Kelen (Het Laatste Nieuws), le gouvernement qui vient de tomber est le plus mauvais depuis celui de 1981 (Eyskens). A son estime, la responsabilité de la chute de l’exécutif Leterme II est à chercher du côté de Didier Reynders, qui n’a pas pu ou n’a pas voulu lâcher Olivier Maingain pour se ménager davantage de liberté. « C’est là que repose la responsabilité de la chute de ce cabinet, et non chez De Croo », dit-il.

Levif.be avec Belga

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