Alain Maron © Belga

Covid Safe Ticket : « Nous n’avions pas le choix »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le gouvernement bruxellois justifie l’adoption du Covid Safe Ticket. Des débats sont ouverts sur l’extension aux commerces et sur l’obligation vaccinale. Divisé, le gouvernement wallon planche sur une adoption similaire.

Jeudi, le gouvernement bruxellois a approuvé l’avant-projet d’ordonnance visant à mettre en oeuvre l’extension de l’utilisation du Covid Safe Ticket (CST) à Bruxelles. « Le CST est indispensable si nous voulons éviter une 4e vague trop importante », déclare le ministre bruxellois en charge de la Santé Alain Maron (Ecolo).

Dès le 1er octobre le Covid Safe Ticket sera nécessaire dès 16 ans pour entrer dans les restaurants, les cafés, les cinémas, les théâtres, les centres de fitness, les maisons de repos, etc. À partir de mi-octobre, il fera l’objet de sanctions et de vérifications sur le terrain.

Alain Maron, qui avait déclaré mercredi dernier que « le coronapass ne sera appliqué à Bruxelles que si les chiffres empirent », défend aujourd’hui l’extension du Covid Safe Ticket, nécessaire selon lui pour éviter un nouveau lockdown. « Nous n’avions pas le choix, sauf à avoir la menace de fermeture de secteurs », déclare-t-il dans l’émission de la RTBF Jeudi en prime. Pour lui, le CST est « un instrument qui permet de gérer les risques, tout en vivant le plus normalement possible ».

Extension aux magasins?

À en croire le quotidien De Standaard, si les indicateurs de l’épidémie augmentent, le gouvernement fédéral envisage même de rendre le covid safe ticket obligatoire dans les magasins, les centres commerciaux et les salons de coiffure afin d’éviter « de nouvelles mesures restrictives, voire des fermetures ».

La situation sanitaire à Bruxelles continue en effet de se détériorer. Aujourd’hui, la capitale présente une incidence de 565 (le nombre de personnes infectées par 100 000 habitants) alors que pour la Belgique, celle-ci s’élève à 237,8.

Au niveau de la vaccination, les objectifs sont toujours loin d’être atteints : alors que la Région espérait vacciner 16 000 personnes par semaine, elle n’est toujours qu’à 10 000. Seuls 51% des Bruxellois sont aujourd’hui complètement vaccinés alors qu’en Flandre, ce chiffre est de 78% et de 67% en Wallonie.

« Il faut forcer le cheval à boire »

Face à ce constat, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) n’hésite pas évoquer une obligation vaccinale. « Tous les moyens ont été mis en oeuvre pour stimuler la vaccination. La vraie question, c’est que cela fait quelques semaines que l’on tourne autour de l’obligation du vaccin. On devrait en parler sans tabou, sans refuser ce débat… À un moment, il faut forcer le cheval à boire », déclare-t-il sur la Première.

Pour Vervoort, il faut avoir une discussion à ce sujet avec les experts. Le ministre-président de la Région-capitale a par ailleurs jugé qu’il n’était pas envisageable de supprimer l’obligation du port du masque dans les magasins. Il a dit se sentir soutenu dans ce point de vue par les experts qui préconisent le maintien de la mesure actuelle.

Un covid safe ticket en Wallonie?

Face à la hausse des indicateurs de l’épidémie à Liège (qui affiche une incidence de 410), le gouvernement wallon réfléchit également à l’instauration du CST. À cet égard, il a demandé l’avis à la Fédération Wallonie-Bruxelles et aux experts du Risk Assessment Group (RAG). « Avec ces consultations, le MR gagne du temps politiquement, mais nous perdons du temps sur l’épidémie », confie une source proche du gouvernement au Soir.

Si le PS et Ecolo y sont favorables, le MR, qui est dans la majorité en Wallonie (mais non à Bruxelles), est en effet plus réticent. Pour les libéraux francophones, le CST peut être demandé dans le secteur de l’événementiel, mais non dans ce qui touche la vie quotidienne, tel que l’horeca et les transports, un avis que partage le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo). « Je ne sais pas si une société de contrôle où tout le monde contrôle tout le monde est vraiment l’idéal. Moi je plaide en tout cas pour le port du masque dans les magasins », déclare-t-il sur RTL, se disant « réservé » sur le pass dans la vie quotidienne.

Et en Flandre ?

En Flandre aussi, on évoque la possibilité d’étendre l’utilisation du covid safe ticket, uniquement requis pour les grands événements pour l’instant. Selon les informations du quotidien De Tijd, le secteur des soins de santé demande de l’instaurer dans les hôpitaux et les maisons de repos. Certaines communes flamandes autour de Bruxelles aimeraient aussi pouvoir l’exiger dans l’horeca, de crainte que les Bruxellois non vaccinés ne se rabattent sur les établissements de la périphérie.

Le sujet reste toutefois sensible. Ainsi, la N-VA voit peu de raisons d’étendre l’utilisation du covid safe ticket. Son président Bart De Wever estime que la Flandre, championne en matière de vaccination (91% de la population adulte totalement vaccinée), a le droit de retrouver une vie normale. Il se dit même favorable à une levée du port du masque dans les magasins.

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