Couleurs voilées

Le Vif

Pour le Français Lionel Estève (né à Lyon en 1967), chaque exposition relève d’une scénographie particulière et des moyens (peinture, photo, sculpture, assemblage..) appropriés au projet.

Mais à chaque fois, il est bel et bien question d’inviter le visiteur à une expérience très sensible et pour tout dire indicible. Comme si les yeux avaient des mains pour effleurer et que par la seule vision, l’univers ainsi crée renvoyait à une sensualité à la fois intense et fragile. La lumière y joue un rôle premier. Ainsi, dans cette dernière exposition chez Baronian, intitulée « Impudique », l’ensemble des espaces a été coloré en tamisant fenêtres et murs par des voilages de couleur bleue ou jaune. Du coup, les oeuvres, de petites dimensions, isolées et accrochées sur les murs blancs, s’imposent à la fois, intimes et prégnantes. Certaines désignent avec une troublante douceur, la nudité du corps. D’autres en rose, relève d’un travail de peinture dont l’apparence floue confond le signe et le fond, le plan et la profondeur. Dans une précédente exposition, dans la célèbre galerie Perrotin à Paris, Estève avait assemblé des surfaces courbes et métalliques d’où s’échappaient à leur sommet, des plumes d’autruche roses. Il suffisait que le visiteur passe à côté de l’oeuvre pour qu’un frémissement agite la pièce dont l’aspect n’était pas sans rappeler celui d’une fleur carnivore. La douceur serait-elle menaçante ? La nudité, impudique ?

Guy Gilsoul

Bruxelles, Galerie Baronian. 2 rue Isidore Verheyden. Jusqu’au 23 août.

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