Soraya Ghali

Congés scolaires : chacun cherche son rythme

Soraya Ghali Journaliste au Vif

À chaque fin d’année scolaire revient sur le tapis la fameuse question des rythmes scolaires. Les scientifiques le dénoncent depuis longtemps : le calendrier scolaire ne respecte pas le rythme des élèves. Il serait nuisible à leur réussite et à leur santé.

A priori, la question n’est pas compliquée. Mais elle est explosive et… enterrée : plus d’un politique a dû reculer devant la bronca provoquée par l’annonce d’une réforme dans ce domaine. En 1990, le ministre Jean-Pierre Grafé (CDH) avançait deux idées fortes : alterner sept semaines d’école et deux semaines de vacances, et raboter les congés d’été de neuf à sept semaines. Quelques années plus tard, les ministres socialistes Philippe Mahoux (PS) et Elio Di Rupo (PS) revenaient à la charge en tranchant en faveur d’une année plus étalée pour « rééquilibrer les périodes de cours et de détentes ». En vain. Aucun ministre n’a réussi à emmener la société belge francophone dans ces bouleversements.

De redoutables intérêts sont évidemment en jeu, bien loin des besoins des élèves. Les enseignants ne voient pas d’un bon oeil le raccourcissement des vacances d’été. Pas plus que l’industrie touristique, qui ne représente « que » 2,4 % du PIB. La réduction des vacances représente, pour elle, un potentiel manque à gagner. Pour amortir l’impact, elle affirme devoir augmenter ses prix. Mais il y a surtout un problème de financement. Instaurer des congés de deux semaines pose la question de l’accueil des enfants dont les parents travaillent. Vingt ans plus tard, Marie-Dominique Simonet (CDH) a choisi la prudence. « Les oppositions de l’époque seraient celles d’aujourd’hui, alors perdre tant d’énergie pour ne pas être sûr d’aboutir… », explique-t-on au cabinet de la ministre. Tout ça ne vaut donc pas un pataquès. Tout est-il vraiment enterré ? La ministre a lancé une réflexion sur « l’organisation du temps et des rythmes scolaires », dans la cadre « d’un dossier autrement plus complexe, celui de la réussite des élèves », sans nouvelle charge horaire pour les enseignants. À ces derniers, en fait, d’imaginer les « réformes » à mener. Ainsi 15 écoles professionnelles s’essaient dorénavant à une organisation qui tient mieux compte de l’élève. Pas une révolution, puisqu’il s’agit, pour elles, de revoir le découpage et le contenu des semaines de classe. Exemple : enseigner par tranche de 90 minutes, au lieu de 100 minutes. En fin de semaine, cela dégage 2 heures 30, à utiliser pour de la remédiation par exemple. « Cette étude ne cherche pas à refondre les structures ni à réorganiser le calendrier scolaire, mais plutôt à mettre l’accent sur diverses initiatives fructueuses d’organisation du temps scolaire journalier pratiqué ici et là. » On avait bien compris.

Soraya Ghali

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