Willy Segers (N-VA), qui reste à la tête d'une commune très rigide à l'égard des francophones. © HATIM KAGHAT

Communales 2018 : Prises de langues à Dilbeek

Le Vif

Bourgmestre N-VA sans majorité. Masterplan en cours. Stratégie, de tension linguistique. Bienvenue « waar Vlamingen thuis zijn… ».

Dilbeek marche sur un fil hypertendu. Qu’un  » rien  » peut faire vibrer. Aux portes de Bruxelles, la commune sans facilités connue pour son  » Waar Vlamingen thuis zijn !  » déteste les  » petits riens « . La très courte majorité – 18 élus sur 35 – formée par la N-VA, le CD&V-DNA et SP.A-Groen au terme du scrutin de 2012 a trébuché en 2016 sur un de ces  » riens  » qui changent tout.

L’échec s’appelle Jos Crabbe, élu CD&V qui passe alors à l’Open VLD, parti dans l’opposition avec 13 élus, aux côtés de 4 élus de l’Union des Francophones (UF). Le transfuge porte à 18 élus le bloc d’opposition et en fait la nouvelle majorité absolue. Au grand dam du mayeur N-VA Willy Segers qui, depuis, en mange son drapeau flamand à chaque conseil communal. L’opposition libérale, flamande et francophone, ne loupe pas une occasion de contrecarrer sa politique fiscale décriée.  » D’entrée, N-VA et consorts avaient augmenté de 40 % le précompte immobilier et de 25 % la part communale sur l’impôt des personnes physiques. Il fallait que ça s’arrête. Avec l’Open VLD, nous avons renversé la vapeur sur le précompte immobilier, imposé l’augmentation de la durée du parking en zone bleue, ou encore modifié des aspects du masterplan cher à l’équipe Segers « , se réjouit Guy Pardon, chef de file (MR) de l’UF.

Le défi de l’équipe du bourgmestre est en effet ce masterplan, visant à relifter totalement les centres des sept entités constituant la commune. Point d’orgue : la revalorisation du coeur de Dilbeek, en voie de désertification commerciale. Elections en vue, le collège s’est dépêché, début 2018, de lancer les phases 1 et 2 de rénovation des rues du centre historique. Le but est aussi de réduire l’état calamiteux des voiries de Dilbeek, et de résoudre les problèmes de mobilité inhérents à la commune en bordure de ring. Le collège (Groen en tête), s’attelle à améliorer le confort et la qualité de vie des habitants.

Cependant, la question linguistique demeure. Sous l’impulsion de la NV-A et du CD&V, elle continue de tendre la vie quotidienne de Dilbeek. Habitants, et même commerçants et indépendants flamands, pointent ce climat de rigidité qui plombe toute convivialité linguistique envers la minorité francophone (autour de 15 %). Fort de ce constat, DéFI présente sur Dilbeek une nouvelle tête de liste. Daoud Azam Daimoussi y fera campagne sur ce thème très sensible des discriminations linguistiques.

La surprise pourrait venir des élections 2018. La bascule de majorité a fortifié le rôle d’arbitre des francophones et le bilan mitigé de l’attelage N-VA pourrait redistribuer les cartes au profit de l’Open VLD. A moins que les sirènes du  » Waar Vlamingen thuis zijn  » incitent les Dilbeekois à faire payer aux libéraux flamands leur  » traîtrise « … Une autre initiative pourrait aussi faire jaser. L’échevin Groen Karel De Ridder, pourtant de l’équipe du bourgmestre, nous a confié :  » Bientôt, vous trouverez des candidats écologistes francophones sur notre liste Groen – SP.A. Nous estimons qu’il est plus logique de se regrouper entre écolos que d’aller sur une liste purement linguistique et ultralibérale.  » A Dilbeek, la campagne s’annonce chaude !

Par Fernand Letist.

Résultats 2012

LvBurgemeester/VLD 33,1 % (13 sièges)

N-VA 23,4 % (8 sièges)

CD&V/DNA 19,4 % (7 sièges)

UF 12 % (4 sièges)

Groen/sp.a 9,7 % (3 sièges)

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