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Comment réussir en partant de presque rien

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Comment s’élever ? Qu’avoir de plus ? Quelles qualités, quelles méthodes ? Quelles probabilités de succès, sachant que la Belgique, pays d’entrepreneurs, se montre ouverte et accueillante avec les talents.

En Belgique, il est encore possible de réussir brillamment en partant de pas grand-chose. Même si on est loin du monde anglo-saxon, prompt à célébrer ses self-made-men : Richard Branson, ce dyslexique qui a fondé Virgin après avoir quitté l’école à 16 ans ; Steve Jobs, le fondateur d’Apple, resté un semestre seulement à l’université ; Mary Barra, patronne de General Motors, entrée dans le groupe à 18 ans… Là-bas, être parti de rien est une fierté revendiquée haut et fort. Mais, contrairement à la France qui voue une passion aux diplômes, un brin aristocratique avec une élite « ENA-Polytechnique-HEC », la Belgique est un pays d’entrepreneurs et se montre ouverte avec ses talents.

Certes aussi, la montée est devenue plus délicate : le chômage bouche les horizons, les discriminations sociales (et ethniques) entravent les progressions et l’école peine à jouer son rôle d’intégration. Si bien que l’ascension vers les hautes couches se fait désormais plutôt par l’escalier qu’en ascenseur.

Dans son dernier ouvrage (1), Chantal Jaquet, professeur de philosophie à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne, a ausculté les raisons qui motivent le passage d’une classe à l’autre. L’ambition ? « C’est un peu court. Cela suppose que l’ambition est une donnée naturelle, une détermination psychologique constitutive de la personnalité », souligne l’auteure. Pour l’experte, il s’agit surtout de percer ce qui nourrit cette ambition. Une chose est sûre : il n’y a pas une seule cause déterminante, mais un faisceau de phénomènes, qui se conjuguent.

Il y a la rencontre, qui joue un rôle capital. « On ne peut pas s’arracher à sa classe sociale sans avoir d’autres modèles sous les yeux, c’est pour moi une constante », insiste Chantal Jaquet. Chez le « transclasse », selon l’expression de l’auteure, le mimétisme demeure fondamental. Il ne s’agit pas d’imiter ce qui se présente d’emblée comme un exemple à reproduire, mais de s’inspirer d’exemples alternatifs : des frères, des cousins, évidemment, mais aussi des camarades, des profs, des héros parfois, chez qui puiser ses motivations et ses espoirs.

Une autre cause qui peut motiver la réussite : le rejet du milieu d’origine. Les « moutons noirs » qui se sentent exclus ou étrangers à leur famille peuvent eux aussi s’en sortir mieux que d’autres. Le mépris et parfois la violence de l’entourage encouragent le départ des « vilains canards » qui vont chercher ailleurs la reconnaissance. Pour d’autres, le ressort aura été la souffrance, la colère, l’humiliation, autant de sentiments qui peuvent animer une volonté de conquête.

(1) Les Transclasses ou la non-reproduction, par Chantal Jaquet, PUF, 240 p.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier. Avec :

– les témoignages de trois « partis de rien » : Ahmed, patron d’une PME d’import-export ; Yves Bastin, patron de Fact Group, société de gardiennage qui emploie 450 personnes ; Brice Le Blévennec, président d’Emakina, un réseau d’agences médias en Europe qui compte plus de 600 personnes dans cinq pays

– comment s’adapter aux codes sociaux

– les atouts du « cancre » qui a réussi

– l’importance des « diplômes de terrain »

– la belle apparence : primordiale

– le portrait-robot de celui qui a toutes les chances d’aller loin

– les clés pour réseauter dans les règles

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