© Belga - BENOIT DOPPAGNE

Comment Philippe y Felipe doivent sauver leur trône

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Que font les rois de la nouvelle génération pour assurer la survie de la monarchie ? A quoi Philippe de Belgique et Felipe d’Espagne doivent-ils renoncer ? Et s’adapter ?

Plus encore que Philippe de Belgique, Felipe VI d’Espagne est un symbole d’unité nationale. Mais le roi d’Espagne est confronté à un contexte politique défavorable : la forte progression de Podemos, le parti de la gauche radicale anti-austérité. Son chef, Pablo Iglesias, ne cache pas ses convictions républicaines. Il a même prévenu que si son parti arrivait au pouvoir, il tiendrait un référendum sur la monarchie, considérée par Podemos comme une institution obsolète et antidémocratique. En juin 2014, alors que se profilait l’abdication de Juan Carlos, des rassemblements de masses organisés à l’appel de plusieurs partis politiques et organisations de gauche ou écologistes réclamaient la fin de la monarchie.

Les prochaines législatives espagnoles auront lieu à la fin de l’année. On verra dès lors, en 2016, comment le roi naviguera sur les eaux de la nouvelle Espagne sortie des urnes. Moins charismatique et séducteur que son père, mais plus « sage », Felipe a l’image d’un monarque consciencieux, presque scolaire, qui cultive la discrétion. Sa cote de popularité est passée, au cours de sa première année de règne, de 58 à 75 % d’opinions favorables. Les Espagnols apprécient davantage la personne du roi que la monarchie, encore appuyée par 61,5 % des sondés.

En Belgique, Philippe n’a pas non plus à se plaindre des enquêtes d’opinion. En novembre dernier, un sondage révélait que 69 % des Flamands lui faisaient confiance, soit 10 % de plus que l’année précédente et 20 % de plus qu’avant son intronisation. « Le Palais a retrouvé un roi à plein-temps, qui prend des initiatives et s’accorde avec son équipe, constate Vincent Dujardin. Il doit se montrer prudent, mais prudence ne veut pas dire effacement. »

Le souverain met surtout l’accent sur ses activités publiques : rencontres avec d’autres chefs d’Etat, visites dans les provinces, intérêt marqué pour le socio-économique, en particulier l’emploi et la formation des jeunes. De son côté, le chef de cabinet du roi, le baron Frans Van Daele, grosse pointure de la diplomatie belge, veille à éviter les couacs. « Le roi et lui forment un binôme indissociable, un couple uni », estime Francis Delpérée. Les commentateurs flamands soulignent le rôle prépondérant joué par Van Daele auprès du souverain, qu’il a soutenu lors des consultations ayant conduit à la formation du gouvernement Michel.

Les relations au sein de la famille royale sont plus chaotiques. Laurent, dont les sorties fracassantes ou décalées défrayent régulièrement la chronique, a laissé entendre voici quelques semaines qu’il n’a jamais été soutenu par son oncle Baudouin et par son père Albert (« Avec eux, c’était la Stasi ») et qu’il a « l’impression que ça continue » avec son frère. Les différends financiers de l’été dernier entre Philippe et son père ont également fait grand bruit. Des factures pour des frais engagés par Albert étaient adressées au Palais, puis renvoyées au Belvédère. Il a fallu distinguer les dépenses liées à la fonction royale de celles relatives à la vie privée du roi retraité qui, elles, ne sont pas à charge de son successeur. Les questions d’argent accaparent de plus en plus le Palais, glisse-t-on dans le monde politique. La fin de règne d’Albert II avait été elle-même assombrie par la polémique sur les fondations de la reine Fabiola.

Le dossier dans Le Vif/L’Express en vente jusqu’au 30 juillet. Avec :

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire