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Comment Marcourt veut devenir le numéro un en Wallonie

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Jean-Claude Marcourt, le ministre wallon de l’Economie rêve ouvertement d’une promotion à la ministre-présidence après mai 2014. Dans les faits, c’est d’ailleurs déjà lui l’homme fort face à la faiblesse de Rudy Demotte.

Quand il était enfant, Jean-Claude Marcourt suivait régulièrement son père Jean, vétérinaire, premier directeur des centres d’insémination, sur les routes de Wallonie. « Il m’a emmené partout, dans le Hainaut, le Namurois…C’est grâce à lui que j’ai compris qu’il s’agissait d’un vrai espace territorial, se souvient le socialiste liégeois. Depuis, j’ai toujours embrassé la Région de manière globale. Mon père n’a jamais fait de politique, mais il était profondément attaché à la Wallonie. Je suis un enfant du Mouvement populaire wallon d’André Renard, indigné par le désinvestissement industriel et par le fait que ma région ait été mal traitée par de grandes institutions comme la Générale de Belgique. »

Contrairement à son père, Jean-Claude Marcourt a transformé cette indignation en combat politique. Licencié en droit de l’université de Liège, brièvement avocat, il a marché dans les pas d’un socialiste qui reste sa référence : Guy Mathot. Jusqu’à rêver aujourd’hui de devenir numéro un de cette Wallonie qu’il a tant arpentée.

A 57 ans, l’homme s’est forgé une expertise politique d’envergure à la tête des cabinets ministériels de Guy Mathot, Bernard Anselme, Jean-Claude Van Cauwenberghe, Elio Di Rupo et Laurette Onkelinx. Sorti de l’ombre, ministre de l’Economie depuis dix ans, Jean-Claude Marcourt incarne à la fois l’amorce de renouveau économique et le triomphe du régionalisme sur le communautarisme sacralisé par la sixième réforme de l’Etat. C’est fort de ce bilan sur le fond qu’il vise ouvertement la ministre-présidence wallonne, au lendemain de la « mère de toutes les élections » du 25 mai prochain.

Comment celui qui fut « cabinettard » pendant dix ans peut-il aujourd’hui se profiler sans grande controverse comme numéro un de Wallonie ? Propulsé en 2004 ministre wallon de l’Emploi et de l’Economie, Jean-Claude Marcourt est alors l’expert qu’il faut au duo Di Rupo – Onkelinx pour piloter le plan Marshall, ce vaste exercice de planification économique destiné à redynamiser une Wallonie bien mal en point. « J’ai accepté de faire le grand saut pour une seule raison : apporter ma pierre à l’édifice du projet wallon », déclare-t-il. Un hommage à son père mais aussi à Guy Mathot, son second père en politique.

Marcourt a su mettre à profit l’opportunité politique reçue en devenant ministre. Ce parfait inconnu du grand public se fait rapidement respecter dans le sérail. Technocrate, il est rarement pris en défaut sur sa connaissance des dossiers. Diplomate, il sait faire le grand écart entre les positions des uns et des autres. Au fil du temps, il a su acquérir la confiance des partenaires sociaux en dépit des ravages de la crise économique. « C’est un ministre qui va au charbon !, souligne Thierry Bodson (FGTB). Il n’y a pas une seule entreprise en restructuration pour laquelle il ne s’est pas mouillé, on l’a vu pour ArcelorMittal ou Caterpillar. Mais depuis dix ans, c’est aussi un ministre associé à des réussites, à une Wallonie qui relève la tête. Ce n’est pas un hasard si c’est aujourd’hui l’une des terres d’Europe qui accueille le plus d’investissements étrangers. » « C’est le père des pôles de compétitivité, une des meilleures initiatives prises depuis longtemps parce que cela structure l’économie wallonne », ajoute Vincent Reuter (UWE).

Associé aux négociations institutionnelles depuis 2008, Jean-Claude Marcourt a su imposer sa vision wallonne en réponse aux velléités autonomistes flamandes. La sixième réforme de l’Etat consacre pleinement la primauté de son projet régionaliste sur celui des communautaristes francophones.

Jean-Claude Marcourt, lui, entend poursuivre sa quête. Au Vif/ L’Express, il annonce les prochaines compétences qu’il aimerait régionaliser : l’organisation de l’enseignement et l’accueil de l’enfance. Il plaide pour un triple pacte wallon : citoyen, social et territorial. Un acte de candidature face à « l’inertie de l’actuel occupant de l’Elysette, Rudy Demotte ».

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, l’intégralité de l’enquête

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