© Image Globe

Comment le PS s’érige en héros

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

À entendre les pontes du parti socialiste, réunis à Charleroi ce dimanche matin, leurs grandes réussites sont à la mesure des désastres de la droite. Dans cette guerre des clans, le PS s’approprie les lauriers du regain wallon.

Ce dimanche 20 octobre, dans l’enceinte des bâtiments de Charleroi Danses, le diable est libéral. Il est aussi bien seul face à la nuée de militants PS déferlant dans le cadre du congrès de rentrée du parti. Pour chasser le vampire « libéralo-capitaliste », des grappes de ballons rouges gardent l’entrée, tandis que la salle principale peine à accueillir toutes les forces en présence.
Au menu de la matinée : une succession de discours affûtés à l’attention des « camarades » socialistes, signés par Rudi Vervoort, Rudy Demotte, Laurette Onkelinx et enfin par Paul Magnette, le président de parti. Le Premier ministre, Elio Di Rupo, est bel et bien là également, dans l’ombre. Bien plus discret que lors des Rencontres d’été du parti début septembre.

L’un après l’autre, les intervenants encensent les multiples réussites attribuées au parti. « Les socialistes ont lancé le plan Marshall 2022 », se félicite le ministre-président wallon, oubliant un peu vite les autres partenaires du gouvernement. C’est aussi, ajoute-t-il, grâce à la régionalisation « voulue par les socialistes » que la Wallonie se redresse à présent « de ses propres forces ». Les propos de Rudy Demotte s’inscrivent dans la même analogie guerrière que ses précédentes déclarations. Il se sent « d’humeur offensive » et avoue avoir « l’âme d’un socialiste qui part au combat ».

Le ton est donné. Chiffres économiques à l’appui, le parti socialiste s’érige en héros face à la « crise libérale » et critique la volonté du MR de s’engager dans une relance plus ambitieuse. « Sans l’acharnement du PS, nous aurions dû renoncer à tout espoir de relance, assène la vice-première ministre Laurette Onkelinx. Il y a sûrement une étude du centre Jean Gol qui explique que dire tout et son contraire, c’est le summum de la modernité politique », ironise-t-elle sous les ricanements du public.

Paul Magnette, de son côté, ne déroge pas à la règle établie en envoyant à son tour quelques salves envers les thèses libérales, qu’il identifie comme les »racines » d’un désastre capitaliste amorcé il y a 30 ans. « Nous sommes nés de la colère », lance le président de parti devant l’émulation des militants. Le PS, seul rempart légitime face à la crise : voilà donc le leitmotiv de cette matinée et par extension, de la campagne électorale qui s’étendra jusqu’au mois de mai 2014.

Après cinq années difficiles, conclut Magnette, le socialisme aurait appris des erreurs commises par son meilleur ennemi. La réforme bancaire apparaît dès lors comme un « impératif absolu », au même titre que le soutien conditionné aux entreprises prônant l’emploi de qualité.

Sur ces bonnes paroles, les militants empoignent quelques verres de bière et de vin rouge avant de quitter les lieux. Avec l’assurance d’avoir identifié un fil rouge pour les prochains mois : toute critique envers le clan libéral deviendra inévitablement une alliée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire