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Comment le MR est devenu une forteresse assiégée (et comment il s’est mis à y croire)

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Une seule option : tenir. Un seul objectif : 2019. Contre une opposition déchaînée, contre des médias impitoyables, contre certains de ses propres camarades, Charles Michel s’est retranché, entraînant son parti avec lui, dans une défense hargneuse. Quitte à défendre l’indéfendable.

La si pacifique Belgique politique se lassera-t-elle un jour des métaphores guerrières ? Pas cette semaine, en tout cas. Pas avec ce gouvernement fédéral. Pas avec ce Mouvement réformateur. Pas avec Jacqueline Galant. Pas avec Marie-Christine Marghem. Pas avec Charles Michel. Les psychologues des foules, pour autant qu’il en existe encore, appellent fièvre obsidionale ce trouble collectif qui frappe les habitants des cités assiégées. Victor Hugo, plaidant pour l’amnistie des Communards, soutenait qu’elle avait frappé les Parisiens soumis à un encerclement versaillais de plusieurs mois. Pas besoin d’être docteur en poliorcétique – l’art militaire de mener un siège -, ni même bachelier en sciences politiques, pour le constater : seul contre tous, le Mouvement réformateur, cet automne, se donne des airs de bunker où se retranchent généraux ou troufions, civils et militaires, ministres, militants et mandataires, et dont il ne sort qu’à coups d’agressives grenades.

Les assaillants ? Les autres. Tous. Tous les autres partis francophones, bien sûr, qui torpillent tous azimuts, sans faire de quartier, quoiqu’avec des intensités très variables. L’opinion telle que cristallisée dans les réseaux sociaux, aussi, dont les mouvements, si difficiles à saisir qu’une chevauchée de Huns sur la steppe, qui baigne la toile dans l’insulte. Les médias, enfin, éperonnés par les deux précédents, qui dardent leurs flèches vers l’avenue de la Toison d’Or, le siège du parti, et vers le 16, rue de la Loi. Poser des questions insolentes à un ministre réformateur, de nos jours, c’est s’exposer à de sévères semonces, elles-mêmes munitions d’impitoyables répliques. Car à ce jeu, les médias l’emportent toujours : le porte-parole de Charles Michel, Frédéric Cauderlier l’avait peut-être oublié lorsqu’il a sermonné des journalistes de la RTBF alors que tournaient encore leurs caméras pendant la visite officielle du président turc Erdogan. Marie-Christine Marghem n’y a pas pensé lorsque, traquée par les plumitifs après le plus récent conseil des ministres, elle a non seulement refusé de commenter les problèmes de sa collègue Jacqueline Galant, mais qu’elle a ensuite réclamé de nos confrères de RTL-TVI « un peu de correction dans la manière dont vous posez vos questions ». Ceux-ci ont évidemment diffusé la séquence, qui alimente encore la rancoeur obsidionale des prétendus assiégés. Et qui les rend encore plus vindicatifs.

Ainsi est, en deux mots, la spirale dans laquelle est entrée le Mouvement réformateur.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de ce jeudi. Avec :

– Pourquoi le PS ne canonne pas

– Dans l’affaire Galant, pourquoi les Flamands ne bougent pas

– Pourquoi Reynders se tait

– Pourquoi Chastel se tait aussi

– Pourquoi Galant et Marghem sont des cibles privilégiées

– La stratégie du seul contre tous est-elle porteuse ?

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