Combien faut-il épargner ?

Comment combler de manière optimale l’écart prévisible entre le salaire et la future pension ? Notre méthode de calcul si vous avez 25, 40 ou 55 ans.

Nous avons cherché à établir le montant à épargner tous les mois pour compenser l’écart entre la pension de retraite légale et la dernière rémunération nette. Pour aboutir à des données plausibles, nous avons pris différentes rémunérations brutes d’employés et de cadres. L’hypothèse de croissance des salaires est de 3 % par an (index et augmentation), de 2 % pour les retraites (indexation). Le taux de prélèvement pris en compte est de 45 % (impôts et cotisations sociales). Le montant des retraites a été calculé avec un simulateur, développé en commun par l’Office national des pensions (ONP), l’Inasti et le Service des pensions du secteur public (SdPSP).

Pour calculer le montant à épargner tous les mois pour combler l’écart entre le dernier salaire net et la première pension de retraite nette, nous avons envisagé un schéma conservateur : la constitution d’un capital, par épargne à taux fixe de 2 % net. Le capital sera investi à très long terme, ce qui permet en principe des taux plus favorables (OLO à 25 ans de 3,77 % net, ici). Les scénarios portent sur quatre situations : compensation à 100 % du revenu perdu ; prise en compte du gain représenté par la propriété d’un logement _ nous ôtons 600 euros mensuels _, compensation à 80 % du revenu perdu et cumul entre la propriété d’une maison et un objectif pension équivalente à 80 % du dernier salaire.

Beaucoup de facteurs peuvent influencer les hypothèses. Un taux d’intérêt plus important peut réduire l’épargne nécessaire mais un taux de prélèvement plus faible va augmenter le gap entre le salaire et la pension, de même qu’une meilleure progression salariale. Nous partons aussi du principe que la retraite est prise à 65 ans, ce qui n’est pas toujours le cas, loin s’en faut.


SCÉNARIO 1 : LE SALARIÉ ÉPARGNE À PARTIR DE L’ÂGE DE 25 ANS

Nous avons envisagé deux situations : celle d’un salarié qui débute cette année, à 25 ans, et bénéficie d’une rémunération brute de 1 500 euros, plutôt modérée. Et celle d’un salarié qui débute à 2 000 euros.

Le salarié qui bénéficie d’une rémunération brute de 1 500 euros perçoit une pension nette de 850 euros. En tenant compte de l’indexation, ce montant devrait avoir grimpé à 1.876 euros lorsque le bénéficiaire aura 65 ans. Son dernier revenu net, lui, devrait être, en cas de carrière linéaire, de 2.691 euros mensuels. Le revenu reculera donc de 815 euros (-30 %). Pour compenser cet écart, il faudrait accumuler un capital de 259.474 euros à 65 ans, dont les intérêts combleraient intégralement la chute du revenu. Une épargne à 2 % l’an produit ce montant avec des paiements de 351 euros par mois. Si l’on vise 80 % du dernier revenu, cette épargne descend à 119 euros, qui peut être absorbée par une épargne pension performante.

Si le bénéficiaire est propriétaire, à l’âge de 65 ans, d’un logement dont l’emprunt est entièrement remboursé, nous évaluons l’écart de revenu à 215 euros. L’épargne nécessaire à l’annuler s’élève à 93 euros par mois. Et si le but est d’atteindre 80 % des revenus, gain du logement inclus, le gap disparaît complètement.

Le salarié dont le salaire mensuel brut est de 2.000 euros lorsqu’il débute à 25 ans, devrait arriver à une retraite, après indexations, de 2.327 euros, et un salaire net de fin de carrière de 3.588 euros. L’écart va donc s’élever à 1.261 euros. Pour le combler entièrement, il faudrait que son capital soit de 401.456 euros, et il faudrait économiser, à titre indicatif, chaque mois 543 euros pour y parvenir (taux de 2 % capitalisé). Le montant descend à 232 euros si l’on vise un revenu égal à 80 % du dernier salaire. Si l’on possède un logement, le gain net que représente le fait de ne pas payer de loyer permet de réduire l’épargne nécessaire à 284 euros. Le gap disparaît complètement si l’on est propriétaire d’un logement et que l’objectif de revenu est de 80 % du dernier salaire.

L’épargne nécessaire diminue considérablement dès que l’épargne est plus rentable. Pour le salarié qui perçoit 2 000 euros par mois, si son épargne produit un rendement de 3 % net au lieu de 2 %, la mensualité nécessaire à combler l’écart passera de 543 à 431 euros. Car, sur une période aussi longue que 40 ans, l’effet de capitalisation est très puissant.

SCÉNARIO 2 : ÉPARGNE À PARTIR DE 40 ANS

Deux hypothèses sont prises en compte : des salaires mensuels bruts de 3 500 et 4 500 euros. Dans le premier cas, le salaire net de fin de carrière aboutirait à 4.031 euros, et la retraite, à 2 347 euros (- 41 %) de pension. Soit un recul de revenu de 1.684 euros. Pour combler totalement cette différence, il faudrait disposer d’un capital de 535 869 euros à l’âge de 65 ans. Pour y arriver, il faudrait épargner 1 366 euros par mois (intérêt de 2 % net capitalisé). La somme se réduit à 713 euros si l’objectif de revenu est de 80 % du dernier salaire.
La propriété d’un logement réduit les besoin d’un retraité à hauteur du loyer que lui coûterait un logement équivalent. Le gap à compenser se réduit d’autant. Dans cette situation, nous évaluons l’épargne à dégager à 879 euros par mois. Si l’objectif du salarié est d’arriver à 80 % de son dernier revenu, en intégrant le gain du logement, cette épargne descend à 226 euros par mois.

Pour le salarié dont la rémunération mensuelle brute est de 4 500 euros, le fossé sera plus grand. Le dernier salaire mensuel net devrait grimper à 5.182 euros, et la retraite, à 2 518 euros (-51 %). Le revenu va donc reculer de 2.664 euros. Pour combler cet écart, il faudrait accumuler un capital de 847.990 euros à l’âge de la retraite. A 40 ans, il reste 25 ans pour y parvenir, à raison de 2 162 euros par mois, ce qui est énorme. En réduisant l’objectif à 80 % des derniers revenus, cette épargne descend à 1 322 euros mensuels, ce qui reste conséquent.

Le propriétaire d’un logement dont l’emprunt est remboursé bénéficie d’un avantage, car il ne paiera pas de loyer. Si l’on considère que ce gain doit être retiré du calcul de compensation de l’écart de revenu, l’épargne nécessaire est portée à 1 676 euros (pension 100 % du dernier salaire net). Ou à 835 euros si l’objectif de pouvoir d’achat est de 80 % du dernier salaire net, gain de logement déduit

SCÉNARIO 3 : ÉPARGNE À PARTIR DE 55 ANS

Le dernier scénario porte sur un salarié qui bénéficie, à 55 ans, d’un salaire brut mensuel de 4 600 euros. Ce qui lui vaudra, en net, 3 400 euros en fin de carrière 10 ans plus tard. Sa retraite devrait, elle, s’élever à 1.843 euros net, soit une baisse de 45 %. Il lui restera donc 1.557 euros à trouver pour conserver le même pouvoir d’achat. Le capital à créer pour y parvenir s’élève, dans notre simulation, à 495 631 euros, ce qui exige une épargne mensuelle de 3 700 euros. Si l’on accepte de réduire à 80 % l’objectif de revenu, le montant à mettre de côté est de 2 083 euros par mois.

Les heureux propriétaires d’un logement remboursé entièrement lorsqu’ils ont 65 ans bénéficient d’un avantage, car ils ne paient pas de loyer. En intégrant cela dans nos calculs, il ne faut plus « que » 2 275 euros d’épargne mensuelle pour combler l’écart de pouvoir d’achat par rapport au dernier salaire net. Si l’on réduit cet objectif à 80 %, il faut alors épargner 848 euros par mois.

ROBERT VAN APELDOORN

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