Thierry Fiorilli

Climat : « Toute mesure politique a toujours un coût! »

Thierry Fiorilli Journaliste

Moins de cent jours avant la triple élection. Le rythme et le nombre de propositions et de promesses s’emballent. Avec la primauté des questions climatiques, énergétiques et environnementales sur toutes les autres.

Comme le décrit joliment l’un de nos fidèles lecteurs,  » l’approche des élections et le succès des marches du jeudi semblent avoir réveillé les petites graines vertes qui moisissaient dans les tiroirs des bureaux de com de partis qui, jusqu’ici, considéraient l’écologie comme un truc juste bon à faire chier le monde. Ainsi donc…

– La N-VA devient « écoréaliste ».

– Le MR « écopragmatique ».

– Le PS « écosocialiste ».

Je verrais bien le PTB  » écolkozien « , DéFi  » franécophone « , le CDH  » écopieur « , le PP  » écopuliste « . Heureusement, Ecolo reste  » éco-logique « . Logique, non ?  »

On peut en rire. On peut s’en irriter. On peut aussi s’en réjouir. Puisque l’enjeu écologique brasse tous les autres : la vie, l’alimentation, la santé, l’agriculture, la consommation, l’économie, la mobilité, la fiscalité, l’emploi… Que chaque parti ait son opinion sur la question, que chaque parti ait son ou ses idées, ses pistes, ses engagements en la matière, c’est bien la moindre des choses. Et qu’il le fasse savoir, durant une campagne électorale et alors que la thématique y est subitement devenue centrale, relève de la même sagesse. Ou du même opportunisme. A l’électeur, au citoyen, à l’habitant de la planète Terre de choisir.

Or, les détracteurs des  » marches du jeudi  » réduisent les revendications climatiques à un passage à la caisse obligé, douloureux et général. Quelles taxes ? Qui paiera ? Quels financements ? Prêts à voyager pour plus cher ? Entre partis, pareil : on avance ses propositions, on estime le coût de celles des autres et on les accuse évidemment d’être soit irréalisables soit impayables. Normal : chaque campagne électorale déclenche sa ou ses guerre(s) des chiffres. Il y a cinq ans, c’était à propos des réformes fiscales défendues par les uns et les autres.

Impossible, ici et maintenant, de valider l’un ou l’autre des calculs. Mais impératif de (se) rappeler que, oui, la préservation de la planète, ou de notre espèce, a et aura un prix. Comme toute mesure, environnementale ou non. Que c’est le propre de l’action politique : comment utiliser, affecter et réaffecter des budgets ; comment et combien investir dans de nouveaux modes de production ; tabler sur quels retours d’investissement, et quand ; comment compenser les pertes (financières, d’emplois, etc.) causées par les choix posés ; comment éviter que des plus faibles s’affaiblissent encore plus…

De la même façon que les jeunes qui manifestent auront à renoncer, en tout ou en partie, à leurs habitudes actuelles de consommation, de déplacement, de loisirs. Sans pour autant retourner à l’âge de la pierre. De la même façon aussi que le simple fait de manifester, le jeudi, jour d’école, réclame de choisir. Un gamin de 14 ans demandait ainsi la semaine dernière à ses parents s’il valait mieux renoncer à la marche climatique parce qu’il y avait ce jour-là test de sciences ou y participer mais se ramasser un 0 sur 65. Et ce jeudi, c’est test de maths…

Alors, la conviction ou le bulletin ? Le devoir ou l’obligation ? L’enjeu collectif ou l’intérêt personnel ? Le long terme ou l’immédiat ? Chacun son choix. Mais il a toujours un prix.

Celui de la sauvegarde de la planète peut être élevé. Elle le vaudra toujours amplement.

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