Liesbeth Van Impe

Cinq tuyaux pour Elio Di Rupo

Après 530 jours de négociations nous avons presque oublié que nous élisons nos politiques non pour négocier, mais pour gouverner. Cela peut décourager quelque peu les hommes et les femmes qui se sont absorbés dans la plus longue formation de l’histoire du monde, mais ils doivent encore s’attaquer au vrai travail. Le plus dur est devant eux. .

Si Elio Di Rupo (PS) a appris une seule chose, c’est que le parcours conduisant au 16, rue de la Loi est particulièrement tortueux. Rien d’étonnant à ce qu’il n’ait jamais dit expressément qu’il souhaitait devenir Premier ministre. La perspective de syndicats en révolte, la sempiternelle critique relative à sa connaissance poussive du néerlandais, le manque ininterrompu d’argent et la menace de quelques catastrophes ne donnent pas à rêver. Voici cinq tuyaux pour lui permettre de survivre. Malgré tout.

1. Restez flexible. A force d’avoir négocié pendant 530 jours, ne croyez pas que tous les n£uds sont dénoués et qu’il ne vous reste plus qu’à exécuter les accords conclus. Aussi longtemps que l’Europe se trouve dans de sales draps émergeront de nouveaux problèmes réclamant de nouvelles solutions.

2. Revoyez votre méthode. Celle qui a été pratiquée jusqu’ici permet certes de produire un compromis sur le long terme, mais les résultats se font attendre infiniment trop longtemps. Le fait que le budget n’a été dressé qu’après la diminution du rating de la Belgique par Standard & Poor’s en dit long.

3. Comptez les jours. Négocier durant 530 jours revient à gouverner 530 jours de moins. Il ne vous reste plus que deux bonnes années avant la fin normale de la législature. C’est fort peu. Le temps vous manque pour battre le pavé.

4. Entamez une offensive de charme à l’égard des Flamands. Votre néerlandais est un vrai problème qui ne se dissipera pas, mais il y a d’autres manières pour gagner le c£ur des Flamands. Le seul fait de faire des efforts pour aller à leur rencontre séduira beaucoup de vos compatriotes du Nord.

5. Aimez votre métier de Premier ministre. Il était tout à fait compréhensible que, depuis un bon bout de temps déjà, personne ne sautait d’impatience pour faire son entrée au 16. Trop d’incertitudes, de guets-apens, de risques. Mais le pays a besoin d’un chef de gouvernement, de quelqu’un qui veut se donner à fond pour guider le pays en ces temps très difficiles. Quelqu’un qui a envie de revêtir les habits de Premier ministre de Belgique. Avec ferveur et franchement.

Liesbeth Van Impe, éditorialiste au Nieuwsblad.

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