Charles Michel © Jef Boes

Charles Michel: « Si la concertation ne donne rien, le gouvernement décidera »

Le Vif

Visiblement fatigué par les événements de ces derniers mois, le plus jeune premier ministre de Belgique revient sur son année mouvementée dans un entretien exclusif que Le Vif/ L’Express publiera dans son édition de jeudi.

Sur ses déclarations dans lesquels il affirmait qu’il n’entrerait jamais dans un gouvernement avec la N-VA: « J’étais sincère à 100 pour cent. Je me suis trompé pour deux raisons. Je n’ai jamais cru – et je n’étais pas le seul – que la N-VA accepterait de laisser tomber son agenda communautaire pendant cinq ans. Je n’avais pas imaginé, non plus, que le PS et le cdH seraient assez cyniques pour se dépêcher de former des gouvernements régionaux de gauche après les élections. Ils ont commis un acte d’occupation du pouvoir. Paradoxalement, ce cynisme a créé la petite ouverture qui nous a permis de former un gouvernement fédéral tout à fait différent ».

Sur les réseaux sociaux: « Les réseaux sociaux ont changé les débats. Cela peut sembler conservateur, mais je regrette que pour les médias la rapidité soit plus importante qu’une analyse approfondie et une information nuancée. En tant que premier ministre, je dois me distancier de tels jeux politiques et veiller aux grandes lignes (…). Les réseaux sociaux, comme Facebook, jouent un rôle important dans la perception erronée. On en a encore eu la preuve récemment. Dans la précipitation, j’ai dû réagir à une information selon laquelle la N-VA voulait rebaptiser le ministère de la Défense nationale en ministère de la Défense. Immédiatement les médias sont entrés en ébullition alors que ce changement de nom a tout simplement été décidé il y a des années par Guy Verhofstadt (Open VLD) et André Flahaut (PS). J’ai dû expliquer pendant une heure aux médias de quoi il en retournait. Une pure perte de temps ».

Sur la prestation de serment: « Je n’ai pas vécu la prestation de serment dans un état d’extase ou de complaisance, mais comme un moment où j’ai compris qu’on était à l’aube d’une nouvelle phase, autant pour le pays que pour moi. À cet instant, j’ai très bien réalisé que la situation deviendrait très difficile. Mais sans vouloir être prétentieux : je crois que j’ai les capacités pour faire réussir ce gouvernement ».

Sur la grève générale du 15 décembre : « Normalement, la grève est l’arme ultime d’un syndicat. Je ne doute pas de la sincérité des gens qui descendent dans la rue, mais certains leaders syndicaux sont affiliés à un parti de l’opposition précis. Ils n’ont pas que des motifs syndicaux. Il faut être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Je ne peux forcer personne à la concertation sociale, je ne peux que créer les circonstances pour favoriser le dialogue. Et si la concertation ne donne rien, le gouvernement décidera. Il n’est pas question de céder « .

Jan Lippens et Han Renard

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