Olivier Mouton

Charles Michel paye le prix d’un « casting de merde »

Olivier Mouton Journaliste

Le MR paye le prix des dossiers pourris décrochés au moment de la naissance de la suédoise. Circonstance aggravante pour le Premier ministre : ce sont les ministres poussés par Charles Michel en personne qui posent le plus de problèmes…

« C’est quoi ces compétences de merde… » Le 11 octobre 2014, au moment de la naissance de la suédoise, un SMS envoyé par un libéral déçu gâchait la fête. Dans la répartition des postes ministériels, les libéraux avaient, il est vrai, décroché le gros lot en terme de dossiers pourris : le relèvement de l’âge de la pension, le gouffre budgétaire à combler, le risque de black-out énergétique sans oublier la SNCB ou le survol de Bruxelles… Ouf !

La répartition des portefeuilles avait en outre été marquée par un chassé-croisé finalement coupable, entre partenaires de la coalition d’abord, entre les clans Michel et Reynders ensuite. Avec, in fine, deux ministrables recalés – Christine Defraigne et Jean-Luc Crucke -, mais aussi des contre-emplois et des profils aux compétences contestées au sein du gouvernement fédéral. Une bombe à retardement.

Depuis, du côté des proches de Charles Michel, c’est en effet la débandade.

Marie-Christine Marghem, que tout le monde voyait à la Justice, a finalement hérité de l’énergie avec quelques tâtonnements à la clé : sa gestion du délicat dossier de la relance du nucléaire a donné lieu à de sérieux bras de fer au parlement. Désormais, c’est la N-VA qui lui met des bâtons dans les roues au sujet de l’accord climatique négocié avec les Régions.

Jacqueline Galant, certes ultra-populaire dans sa région, a reçu à la Mobilité des matières ultra-délicates alors qu’elle n’avait déjà pas la réputation d’être nuancée dans son approche et cela se paye cash. Depuis ses errements initiaux sur les comptes de la SNCB qui ont amusé la galerie, elle suscite des grognes en tous genres à la SNCB, chez les riverains de l’aéroport et aujourd’hui jusqu’au sein de son administration.

Toutes deux sont engluées dans leur orgueil, au risque de s’enfoncer dans le mensonge.

Quant à Hervé Jamar, sa gentillesse et son sens des relations humaines ne l’ont pas empêché d’exploser en plein vol au Budget : lassé de combattre, il a préféré se retirer. Sophie Wilmès, qui lui a succédé, déroute déjà tout le monde en avouant un « trou » de deux milliards à financer dans le tax-shift.

L’opposition, qui avait peu à peu rangé les armes, n’en demandait pas tant en cet automne. Charles Michel va sans doute encore faire le gros dos, pas question pour lui de lâcher les siens pour si peu, ce serait un trop gros aveu de faiblesse. Même si cette succession de mésaventures commence à irriter singulièrement le MR, d’autant que la N-VA multiplie les peaux de banane sous ses pieds depuis quelques semaines.

S’il en est un qui doit s’amuser avec quelque cynisme, c’est Didier Reynders, le vice-Premier MR. Depuis le début, il dit à qui veut l’entendre son souhait de jouer le jeu, mais aussi de ne pas assumer les gaffes de ministres qu’il n’a pas lui-même désignés. Tiens, au fait, le seul ministre libéral qui ne suscite pas de levée de boucliers, n’est-ce pas Daniel Bacquelaine ? En toute tranquillité, il poursuit son oeuvre pourtant majeure aux pensions. Un reyndersien, le seul aux côtés du vice-Premier…

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