La Ville n'est pas pressée d'entamer son virage numérique. © SDP

Charleroi, une Smart City en devenir

Le Vif

Soucieuse de suivre la révolution numérique, Charleroi se met au digital de manière à la fois volontaire et prudente. La Ville souhaite que la technologie reste avant tout un outil au service des citoyens, tout en l’appliquant dans des domaines aussi variés que l’administration, la mobilité ou encore l’énergie.

Voici un peu plus d’un an, Charleroi a rejoint d’autres grandes villes wallonnes au sein du projet régional Digital Cities. Elle dispose désormais d’une enveloppe qui lui permettra, d’ici à quelques mois, de proposer un réseau wi-fi gratuit dans des lieux clés de la ville. Avec l’implantation de la fibre optique prévue prochainement, l’installation de ce réseau n’est toutefois que le point de départ de la digitalisation de la cité. Malgré que son projet smart city ne figure pas parmi les nombreux retenus pour l’obtention de fonds Feder, Charleroi a décidé de le poursuivre. Mais là où d’autres villes mettent le paquet, elle avance pas à pas et avec une certaine prudence. Pour ne pas dire de façon timorée.

 » Charleroi n’a pas tout de suite rejoint le programme wallon Digital Cities car nous préférions d’abord voir comment cela allait se passer dans d’autres villes « , explique Carina Basile, chef de projet Digital City à Charleroi.  » Nous partageons beaucoup avec les autres communes et observons avec attention ce qui se fait ailleurs tout en essayant de déterminer ce qui serait réalisable et intéressant pour Charleroi.  » La ville n’ambitionne pas de devenir une smart city à tout prix, mais envisage plutôt de tirer le meilleur parti de la technologie pour réussir sa requalification urbaine.

 » Nous ne voulons pas d’une ville hyperconnectée où la technologie ferait peur « , souligne Carina Basile.  » Il faut bien sûr s’adapter et suivre la révolution numérique en cours, mais notre priorité est de mettre la technologie au service des citoyens et pas l’inverse. Le digital n’est qu’un outil parmi d’autres pour développer la ville.  »

Le digital à la traîne

Concrètement donc, Charleroi a lancé une étude de faisabilité technique dans le cadre du projet wallon Digital Cities et se dotera bientôt d’un réseau wi-fi gratuit accessible au public dans des lieux stratégiques et à forte densité du centre- ville. La finalité n’est pas l’accès à Internet en lui-même, mais plutôt les facilités que cette connexion offrira à l’avenir. Bien que rien ne soit encore clairement établi, il est envisagé que le wi-fi permette à la ville de partager avec les citoyens et visiteurs des informations touristiques, culturelles ou relatives aux commerces locaux.

A plus long terme, le digital pourra également être utilisé par l’administration de la ville via un outil tel que l’e-guichet.  » Les citoyens pourraient commander des documents et formulaires sur le site, ce qui faciliterait à la fois leurs démarches et le travail des services administratifs « , imagine Carina Basile. Sur ce plan aussi, la cité sambrienne est très en retard sur la plupart des grandes villes du pays.

Dans les années à venir, Charleroi envisage de mettre le numérique au service de sa mobilité avec, par exemple, un système de stationnement intelligent. La technologie devrait aussi contribuer à la dynamique de durabilité.  » La Ville a signé la convention des maires et s’est donc engagée à réduire sérieusement son empreinte carbone et sa facture énergétique « , précise Carina Basile.  » Rien n’a encore été mis en place au niveau numérique, mais celui-ci pourra très certainement nous aider dans notre démarche. Il existe en effet des capteurs et autres outils de mesure qu’on pourrait utiliser pour gérer et analyser les installations et les consommations énergétiques de nos bâtiments.  » Mais tout reste à faire…

Techniques énergétiques poussées

En matière énergétique, Charleroi inclut d’ambitieuses démarches dans son vaste projet de requalification urbaine Charleroi District Créatif, qui court jusqu’en 2020. Plus de trois millions d’euros sont prévus pour la construction d’une unité centralisée de production d’énergie à destination des infrastructures publiques. Installée dans le sous-sol du futur Centre des congrès, cette unité desservira dans un premier temps ce bâtiment ainsi que les palais des beaux-arts et des expositions voisins, puis pourra être reliée à d’autres immeubles publics. La production d’énergie devrait notamment être assurée par trois chaudières au gaz basse température et une cogénération.

Les travaux de rénovation du palais des expositions impliqueront inévitablement des mesures pour améliorer ses performances énergétiques, comme l’installation de châssis double vitrage, l’isolation de la toiture ou encore l’apport de davantage de lumière naturelle. Le palais des beaux-arts verra, quant à lui, sa toiture remplacée et ses façades isolées alors que le BPS22, futur plus grand musée d’art de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sera rénové énergétiquement lui aussi.

Le programme Charleroi DC prévoit encore la création d’un Centre d’excellence en efficacité énergétique et en développement durable. Il réunira des acteurs privés et publics qui mèneront des activités de recherche sur les technologies énergétiques émergentes. Les travaux du Centre d’excellence ne seront peut-être pas directement exploités au niveau de la ville, mais nul doute que la présence d’un tel espace sur le territoire carolo devrait stimuler son développement durable.

A côté de ces constructions et rénovations de grande ampleur, Charleroi prévoit la mise en place d’un plan lumières pour améliorer la sécurité, l’attractivité et la lisibilité de la ville. Ce projet mêle des éclairages purement fonctionnels à d’autres plus événementiels ou scénographiques. La nouvelle mise en lumière de la ville permettra aussi et surtout plus de modularité et d’efficacité, dans un souci d’utilisation juste de l’énergie. A l’avenir, l’éclairage de l’intraring devrait ainsi être remplacé par des LED.

Par Marie-Eve Rebts.

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