Nicolas De Decker

Charleroi : Magnette et l’état de disgrâce

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le moment devait ravir. De petits flocons d’espoir sur un Hôtel de Ville au crépuscule. Un peu d’albe sur le Pays Noir. C’était si poétique que l’on aurait aimé y croire. On a même essayé. Mais ça n’arrivera pas.

La prestation de serment des conseillers communaux carolorégiens, ce lundi soir, ne sera qu’une cérémonie poisseuse, avec un chauffage en panne et du mousseux éventé. Le bourgmestre furtif (il prêtera serment avant de se faire empêcher) portera un costume cintré, lardé de deux disgrâcieux accrocs. C’est que Paul Magnette, triomphal vainqueur des élections (24.000 voix de préférence, tout de même, et trente sièges sur 51 pour son parti), démarre mal un mayorat qu’il n’a pas même encore légalement endossé.

Ce report de sa prise de fonction, d’abord, au prétexte du bouclage de ses travaux ministériels : les Carolos auront beau tenter de se consoler avec Françoise Daspremont, qui fera fonction quelques semaines, ils ne manqueront pas d’observer que le projet de gare à l’aéroport de Gosselies ne figure pas tel quel dans le plan d’investissement du groupe ferroviaire, mais bien dans l’enveloppe dont peut disposer la région wallonne, qui voudrait consacrer ces fonds à d’autres investissements. C’était le gros dossier local de la discussion, et ne vous étonnez pas si le grand homme carolo en parle peu, de ces temps-ci…

Ce renvoi en correctionnelle de Philippe Van Cauwenberghe, ensuite. Plutôt une confirmation qu’une surprise, certes. Mais une confirmation dérangeante, intervenue, au jour ouvrable près, simultanément à l’intronisation de ce justiciable au patronyme encombrant à l’échevinat des sports de Charleroi. Philippe Van Cauwenberghe ne démissionnera pas avant une éventuelle condamnation en dernier ressort. Elle est loin, l’hystérie des « affaires », lorsqu’un soupçon de début d’inculpation envoyait au poteau. Tant mieux pour les intéressés, qui ont droit au respect de la présomption d’innocence. Mais en attendant, Paul Magnette, héraut putatif du Charleroi nouveau, passe pour le complaisant prolongateur du Charleroi ancien.

Les deux anecdotes ne doivent pas masquer les difficultés et les potentialités que recèle aujourd’hui la plus grande ville wallonne. On ne gouverne pas avec des anecdotes, encore moins avec des symboles. Mais on avance plus vite lorsqu’on n’a pas de « double caillou dans la chaussure », comme ironise, déjà, l’opposition écologiste.

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