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Charleroi: la mue urbaine a commencé

Le Vif

Les projets de rénovation urbaine pullulent. D’ici les dix prochaines années, un quart du territoire devrait être réhabilité. La chasse aux investisseurs privés peut commencer.

« Le plus grand chantier de rénovation urbaine d’Europe ! » Le cabinet du bourgmestre Paul Magnette (PS) ne craint pas l’emphase lorsqu’il s’agit d’évoquer les multiples projets de réhabilitation qui fleurissent aux quatre coins de Charleroi. Il est vrai que l’ambition est forte : rénover d’ici une dizaine d’années un quart du territoire. Cinquante hectares sur les deux cents du centre-ville.

Il y a d’abord les travaux programmés ou en cours. Dont le plus emblématique est sans doute Phénix, le nom donné à la vaste requalification de la Ville-Basse qui se décline en plusieurs chapitres. Huit au total, chacun avançant à son rythme pour un épilogue annoncé fin de cette année. Un gros morceau, avec 55 millions d’euros investis par le public (subventionnés à 40 % par le Feder), couplé au projet Rive gauche – privé, cette fois -, du nom du centre commercial de 35 000 mètres carrés et de 200 millions d’euros dont on parle depuis des années mais qui n’a pas encore dépassé le stade des démolitions.

Le futur hôtel de police et le pôle artistique voisin ne connaissent, par contre, pas de retards similaires. Ils sont même en avance sur le calendrier, avec une inauguration prévue le 31 août prochain. Une histoire de gros sous également : 140 millions (pour la conception, la construction et la maintenance pendant 25 ans) à charge de la Ville et de la police.

Viennent ensuite s’ajouter le centre d’animation économique de Trésignies (bureaux et centre d’entreprises), l’extension du palais de justice, celle du centre d’art contemporain, la rénovation du stade, le bâtiment Soleo (bureaux), l’agrandissement de la RTBF et de Télé Sambre. Voilà pour les dossiers en cours de concrétisation.

Un Mipim carolo en octobre

Charleroi en garde encore d’autres sous le coude. Huit au total, dont trois d’entre eux sont ses projets phares. D’abord, l’esplanade de la gare de Charleroi-Sud et ses abords, que la SNCB Holding souhaite transformer en un ensemble de bureaux, logements, parking, commerces, services, salle de spectacle. Pour la coquette somme de 110 millions.

Ensuite, le centre d’affaires Parc Ouest, en face de la gare, mêlant de nouveau bureaux, logements et commerces et dont le budget reste à définir. Enfin, la création d’un îlot résidentiel Ville-Haute, en lieu et place du centre hospitalier universitaire qui sera détruit après son déménagement à Lodelinsart.

Autant de chantiers qui nécessiteront inévitablement des moyens importants. « L’argent public est là, mais il faut que le privé vienne s’accrocher au wagon », assure-t-on au cabinet du bourgmestre. Paul Magnette a d’ailleurs lancé une opération séduction envers les investisseurs potentiels. Charleroi est récemment partie faire sa pub au Mipim de Cannes, grand-messe de l’immobilier. La ville organisera aussi son « Mipim carolo » le 17 octobre prochain au palais des Beaux-Arts.

« Tout ça, ça fait beaucoup pour un petit périmètre », grince Luc Parmentier, chef de file de l’opposition Ecolo. Qui se veut optimiste quant à certains projets, mais qui craint que la tâche ne soit pas simple pour d’autres, comme le futur ancien hôpital. Et qui redoute surtout que les habitants et les chalands ne désertent définitivement le centre transformé, pour au moins les dix prochaines années, en chantier à ciel ouvert.

Mélanie Geelkens

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