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CETA: Michel dénonce des « campagnes de communication gigantesques » pour des « adaptations cosmétiques »

Le premier ministre Charles Michel ne souhaite plus retenir que l’accord sur le CETA sans trop revenir sur les difficultés des derniers jours qui ont précédé sa signature. Selon lui, on a cependant évité le pire pour l’image de l’Europe et de la Belgique.

Cette semaine à la VRT et dans Le Soir, le vice-premier ministre MR et ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a salué l’attitude constructive et la capacité de négociations du ministre-président Paul Magnette au sujet du CETA.

« Il y a effectivement eu une collaboration excellente avec M. Magnette sauf les derniers jours lorsqu’il n’a déposé ses amendements que le mardi et le mercredi », a tempéré le premier ministre Charles Michel.

L’Union européenne avait fixé comme échéance lundi à la Belgique pour faire connaître sa position alors que le sommet avec le Canada était prévu initialement jeudi. Finalement, il se déroule dimanche après l’accord intervenu entre entités belges et entre Etats européens.

Avec un report de trois jours, « l’impact est limité », « le dommage aurait été considérable pour le projet européen et pour la Belgique », s’il en avait été autrement, a commenté M. Michel actuellement en visite à Pékin où il défend les atouts de la Belgique en termes d’investissements. Les discussions autour du CETA s’invitent d’ailleurs à la table des échanges qu’a le premier ministre avec ses interlocuteurs chinois.

Tout en disant respecter la position des Régions, M. Michel s’est une nouvelle fois félicité d’avoir pu convaincre les gouvernements wallon et bruxellois de s’être rallié à l’accord. Le premier ministre a répété qu’on n’avait « pas touché d’une virgule » au texte du traité auxquelles on avait joint un certain nombre de déclarations et de textes interprétatifs « dont certains ont une valeur juridique ».

Mensonges

M. Michel a dénoncé la « campagne de dénigrement » aujourd’hui opérée par les partis en majorité dans les Régions wallonne et bruxelloise. C’est un « flagrant mensonge » de dire qu’il y a eu des évolutions empêchant le recours aux hormones ou aux OGM alors que le principe de précaution offrait une garantie à travers la législation européenne, a-t-il dit. C’est aussi un « mensonge » que de dire qu’il y a désormais un mécanisme de sauvegarde spécifique pour les agriculteurs alors qu’il existe depuis des années, a-t-il ajouté.

Le premier ministre explique le « mensonge » de ces « campagnes de communication gigantesques pour des « adaptations cosmétiques » par la concurrence qui se joue à gauche. « Il y a eu la rentrée sur la semaine des quatre jours, la cogestion dans les entreprises puis le CETA », indique-t-il alors que jusqu’ici les partis « populistes » se situaient en Europe plutôt à l’extrême gauche ou à l’extrême droite.

Les atout de la Belgique

A Pékin, Charles Michel est venu défendre les atouts de la Belgique, sa localisation au coeur de l’Europe, son réseau d’enseignement, son économie globalisée et les nombreux sièges d’institutions qui y sont regroupés. A côté de cela, le premier ministre promeut l’action des candidats belges investisseurs en Chine: une vingtaine d’accords de partenariat devraient être signés durant le week-end. A côté de cela, les discussions progressent sur l’opportunité d’ouvrir une ligne aérienne directe Bruxelles-Shanghaï opérée par Hanai Airlines.

Le premier ministre rappellera lors de ses entretiens l’étendue des réformes structurelles mises en place ou en réflexion: Tax Shift, ISOC ainsi que les mesures prises pour assurer la sécurité en Belgique après les attentats de Bruxelles, alors même que le pays est généralement « stable » en la matière.

L’intérêt de dialoguer avec le géant chinois réside également dans la volonté d’avancer de façon plus pragmatique dans la collaboration trilatérale avec l’Europe et l’Afrique.

Enfin, le dialogue politique n’omettra pas d’aborder la question des droits de l’Homme, a assuré M. Michel attentif à la défense de leur caractère universel, s’inscrivant dans le respect des valeurs européennes.

Outre des contrats commerciaux, des accords bilatéraux administratifs seront également signés durant le week-end, en matière de coopération politique et judiciaire visant notamment la situation des prisonniers belges en Chine et inversement.

Le 1er doit régler ses problèmes de gouvernement plutôt que diriger l’opposition wallonne

« Nous attendons du Premier ministre qu’il règle » ses « problèmes » de gouvernement « plutôt que de s’ériger en chef de l’opposition au gouvernement wallon », a réagi dimanche le président du PS Elio Di Rupo après les propos de Charles Michel.

Pour Elio Di Rupo, il est regrettable que le premier ministre, en visite en Chine pour « défendre les atouts de la Belgique », s’exprime « davantage sur l’action du PS que sur les mesures de son propre gouvernement ». Un premier ministre en mission à l’étranger « n’évoque pas ses difficultés intérieures mais met en évidence tous les atouts, tant de la Flandre que de Bruxelles et de la Wallonie », a estimé le président du PS.

Le PS ne s’est pas contenté de s’opposer à un traité sujet à interprétation et dès lors dangereux pour notre modèle social: « nous nous sommes battus pour obtenir un nouveau CETA, plus juste, avec des règles précises et contraignantes », a réagi M. Di Rupo.

M. Michel a répété dimanche à Pékin que le CETA n’avait pas été modifié d’une virgule, tout au plus certaines règles interprétatives l’accompagnent désormais, dont un partie ont un effet juridique.

Mais pour le PS, le chef du gouvernement fédéral sait pertinemment que oui, le CETA a changé: « nous y avons ajouté un « instrument conjoint » qui a « exactement la même valeur juridique que le traité et qui offre toutes les garanties qui n’étaient pas présentes dans la version initiale ».

Depuis Pékin, Charles Michel a décortiqué la rentrée du Parti socialiste qui, poussé dans le dos par le PTB, a d’abord proposé la semaine des quatre jours, puis la cogestion des entreprises, enfin la nécessité de revoir le CETA.

« C’est précisément ça la marque du socialisme moderne: s’indigner, et concrétiser », a réagi Elio Di Rupo. « C’est aussi comme cela que fonctionne le chantier des idées (réflexion visant la régénérescence des idées au sein du parti): nous prenons appui sur les injustices de ce monde, le chômage, la difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée, le pouvoir trop limité des travailleurs au sein de leur entreprise… pour formuler des propositions: la semaine de 4 jours avec embauche compensatoire, du pouvoir pour les travailleurs via la co-décision dans les entreprises, et de nombreuses mesures encore à venir dans les prochains mois », a-t-il précisé.

Pour le CETA comme pour toutes ces mesures, « nous nous sommes entourés de spécialistes, nous avons longuement analysé la question et formulé des propositions solides, après débat au sein du parti », a rétorqué Elio Di Rupo.

« Quand Charles Michel doute du réalisme de ces mesures, il faut tout de même oser venant du Premier ministre d’un gouvernement qui ne cesse de communiquer sur ses soi-disant bon résultats alors que la Commission européenne pointe l’incertitude de ses mesures, que ses estimations budgétaires se révèlent chaque jour plus fantaisistes, que le trou budgétaire pour les années à venir est abyssal et que la Belgique est l’un des cancres de l’Europe en matière d’évolution du taux d’emploi suite aux mesures de son propre gouvernement », a-t-il asséné.

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