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Ceta : le PS veut remettre électeurs et élus au centre du débat public

Le parti socialiste fait du CETA un enjeu de la réappropriation par les citoyens et leurs élus des enjeux démocratiques desquels ils ont été progressivement dessaisis décennies après décennies depuis la première guerre mondiale, a indiqué samedi à Liège le président du PS Elio Di Rupo lors du dernier chantier des idées de sa formation consacré à la démocratie et à l’engagement militant.

« Il y a eu une perte réelle d’influence, mais il y a des moments, et celui-ci en est un, où la femme et l’homme politique peuvent démontrer une certaine faculté (à la réappropriation), et nous sentons un rapprochement très fort des citoyens qui sentent que nous n’allons pas de réception en réception, mais qu’il s’agit du fond, de la vérité », a souligné M. Di Rupo.

Le président du PS a assuré de la volonté de persévérer sur cette voie, avec le ministre-président Paul Magnette, en dépit des pressions « invraisemblables » qu’ils subissent de la part d’une vingtaine de personnalités européennes, en témoigne encore « le cinéma » de samedi matin.

Contrairement à ce qui est dit, « l’état d’esprit n’est pas de se refermer sur soi-même mais de faire de la Wallonie une terre où tout est possible, où elle peut se faire respecter et faire modifier les choses », a expliqué le chef de file du parti.

M. Di Rupo a invité à ne pas craindre les semeurs d’angoisse. « De tout temps, quand les progressistes ont exigé des avancées, les conservateurs leur ont promis la fin du monde et cette fois-ci, dans toutes les pressions qui s’exerçaient sur Paul et sur moi, on nous disait que l’apocalypse allait tomber sur la Wallonie – et si vous allez déjeuner à Liège tout à l’heure, vous verrez que ce n’est pas vrai, le vin se trouve toujours dans de bonnes caves – mais aussi sur l’Europe entière. Couillonnades! « , a lâché l’orateur très en verve.

A ce stade, l’accord sur le CETA répond à un « crédo libéral » qui consiste à privilégier « le laisser-faire, faire passer le commerce bien au-dessus des préoccupations des citoyens » et à « une demande des lobbyistes au service des multinationales qui seuls parmi les initiés peuvent comprendre le jargon des techniciens à l’origine du texte », a soutenu Elio Di Rupo.

Il fallait donc un débat public et un report de deux mois pour permettre que certaines exigences soient rencontrées, particulièrement que la note interprétative sur laquelle planche la Commission européenne ait la même valeur que le Traité, au même titre qu’un article, et que l’on revoit les procédures d’arbitrage qui permettent à des multinationales d’attaquer des Etats sur leurs politiques, fiscales notamment, sans passer par la Justice. µ

C’est pour cela que la Wallonie a bloqué, « pas parce que nous serions la dernière réserve d’Indiens d’Europe, cela je pense que le Canada peut bien le comprendre », a jugé M. Di Rupo, prodigue en bons mots.

Le président du PS n’a pas caché sa surprise en revanche de se retrouver isolé alors que d’autres autorités au sein de l’UE – France, Italie, en partie l’Allemagne… – sont dirigées par des sociaux-démocrates. « Nous avons été surpris il y a quelques semaines, qu’ils acceptent les uns après les autres, je ne fais pas de jugement, ils sont libres, je peux juste m’étonner de l’attitude de certains pays », a-t-il dit.

Le président du PS s’est également étonné que certains aient découvert qu’en Belgique, on avait réformé l’Etat en 1980. « Les Régions sont compétentes pour certaines matières et il n’y a pas de hiérarchie », a-t-il dit, estimant même que « ce que fait (le ministre des Affaires étrangères) Didier Reynders pourrait être contesté à longueur de journée alors que les Régions ont de vraies compétences d’Affaires étrangères pour ce qui leur revient, ont de vrais ministres des Affaires étrangères, certes pas encore reconnus à l’étranger, et peuvent signer des traités ».

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