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« Ce scrutin est historique, c’est la fin du jeu à quatre »

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Docteur en sciences politiques et chercheur à l’UCL, Vincent Laborderie tire les leçons du scrutin de ce 25 mai : le score exceptionnel de la N-VA la rendra incontournable, tandis que le PS déguise sa défaite en victoire. En Wallonie, il pointe la fin « historique » du jeu à quatre entre les partis.

Le Vif/L’Express : Quelle est votre analyse de ce bilan électoral, marqué par la victoire écrasante de la N-VA en Flandre ? Le parti de Bart De Wever réalise un score historique. Je ne sais pas jusqu’à quand il faut remonter dans l’histoire de la Flandre pour retrouver une telle performance, tant à la Région qu’au niveau fédéral. Une chose est sûre : la N-VA sera présente au sein du gouvernement flamand et devrait décrocher la ministre-présidence. Le CD&V a raison d’être satisfait pour son score au fédéral, mais pas à la Région, où Kris Peeters ne réalise pas le résultat espéré.

De son côté, le PS se satisfait de rester la première formation francophone du pays. Est-ce justifié ? Non, le PS se voile complètement la face. À la Chambre, c’est le deuxième plus mauvais score du PS après les élections fédérales de 2007. À la Région, les résultats indiquent qu’il s’agit de leur plus mauvais résultat, tout simplement.

L’état des forces au lendemain du scrutin favorise-t-il le scénario d’une nouvelle coalition en Wallonie vu la défaite des écologistes ? Je pense que la balle est dans le camp du CDH. Durant la campagne, contrairement au PS et à Ecolo, le CDH ne s’est pas vraiment prononcé pour le maintien de l’olivier wallon. On pourrait par ailleurs assister à la création d’un exécutif wallon PS-MR-CDH, étant donné que plusieurs formations ont insisté sur l’importance de bâtir des coalitions symétriques entre les différents niveaux de pouvoir. Quant aux partis comme le PTB-Go et le PP, ils joueront le jeu de l’opposition.

Quel grand enseignement tirez-vous de ce scrutin, côté francophone ? Sans aucun doute la fin du jeu à quatre entre le PS, le MR, le CDH et Ecolo. C’est un scrutin historique. On va assister à un jeu à cinq ou six, tant à Bruxelles qu’en Wallonie. C’est la première fois depuis 30 ans que l’on assiste à l’émergence de nouvelles formations en mesure de décrocher des sièges au parlement wallon. Certes, le PTB-Go n’ira pas au pouvoir, mais il obtiendra des financements et pèsera sur la scène médiatique pour les prochaines années. Ce changement est déjà fondamental.

En revanche, le paysage s’est clarifié en Flandre, notamment avec l’écroulement du Vlaams Belang… Oui, le jeu s’est simplifié en Flandre, où l’on note également, outre le fait que le Vlaams Belang s’est marginalisé, la disparition de la Lijst Dedecker et la performance insuffisante du PTB. Paradoxalement, malgré la victoire de la N-VA, la Flandre vote moins à droite qu’il y a quatre ans : le SP.A, Groen mais aussi le PTB flamand progressent.

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