Charles Michel et Geert Bourgeois. © Belga

« Ce n’est pas un vocabulaire pour un ministre-président », dit M. Michel à M. Bourgeois

Les propos du ministre-président flamand Geert Bourgeois évoquant dimanche un crachat flamand sur les grèves plus nombreuses au sud du pays étaient sur toutes les lèvres des responsables politiques interrogés par la presse, lundi à l’hôtel de Ville de Bruxelles, peu avant la cérémonie officielle de la Fête de la Communauté flamande.

« Ce n’est pas un vocabulaire pour un ministre-président, les caricatures n’ont jamais apporté de solution », a commenté le Premier ministre Charles Michel.

« C’est un manque évident de respect. Mais j’ai compris qu’il avait nuancé ses propos entre-temps.

Pour moi, ce qui compte, ce sont les mesures que l’on prend pour les gens, la polémique ne m’intéresse pas », a-t-il ajouté. Sur le fond du discours du 11 juillet de M. Bourgeois (N-VA), qui a appelé à ouvrir la Constitution à révision pour l’après 2019, M. Michel (MR) a assuré qu’il « veillait », en tant que Premier ministre, à ce qu’il n’y ait « pas de relance de réforme (institutionnelle) avant 2019, avant que les citoyens se soient prononcés dans le cadre des élections ».

Il a en revanche dit comprendre qu’il existe des réflexions, « dans les partis francophones comme flamands », sur l’avenir institutionnel.

Représentant du gouvernement wallon à la cérémonie officielle, le vice-président cdH de l’exécutif, Maxime Prévot, a jugé que « l’on ne se grandit pas en rabaissant les autres ». « Ce sont des propos inutilement agressifs, assez désobligeants vis-à-vis de la Wallonie, dignes du niveau d’un Donald Trump ». Mais ce n’est à ses yeux « pas une surprise » que M. Bourgeois essaie de remette le communautaire à l’agenda. « Pour autant, ce n’est pas une priorité. La plomberie institutionnelle exalte beaucoup le microcosme politique et journalistique, mais la priorité est socio-économique ».

Au contraire du CD&V qui avait pris ses distances dès dimanche sur les propos de M. Bourgeois, l’autre partenaire de l’exécutif flamand, l’Open Vld, était resté relativement silencieux. Le vice-Premier ministre Open Vld du gouvernement fédéral, Alexander De Croo, a toutefois affirmé lundi que la Fête flamande était celle de « tous les Flamands, une occasion de réfléchir à l’avenir de la Flandre ouverte sur le monde ». « Essayer de polariser les uns contre les autres ne rentre absolument pas (dans cette perspective), mais bon, chacun choisit sa manière de remplir sa fonction. Je n’aurais pas dit cela, et je n’aurais pas non plus craché physiquement », a-t-il souri.

Son homologue au CD&V, Kris Peeters, a réfuté que la frontière linguistique soit devenue celle de la grève, comme l’avait dit M. Bourgeois. « Il y a aussi en Wallonie beaucoup de travailleurs qui en veulent. Je n’aurais pas utilisé le terme ‘cracher’, ce n’est pas avisé. J’ai compris que le ministre-président a depuis corrigé ses propos, et qu’il n’a peut-être pas voulu dire cela. Un ministre-président doit toujours bien faire attention à ce qu’il dit et doit choisir ses mots avec soin ».

Le ton était plus dur dans la bouche du député Eric Van Rompuy (CD&V). Il juge que les propos « indignes » de Geert Bourgeois démontrent qu’il est « le ministre-président le plus faible » que la Flandre ait jamais eu. « Ca rentre évidemment dans le discours ‘nous-eux » des nationalistes flamands, qui utilisent sciemment l’image de l’ennemi. Si ce ne sont pas les Wallons, alors ce sont les syndicats et les grévistes. Ils cherchent la polarisation ».

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