Thierry Bodson. © Belga

Caterpillar: « Que l’union sacrée se transforme en actes »

L' »union sacrée » affichée par les gouvernements fédéral et wallon avec les syndicats ces deux dernières semaines après l’annonce de la fermeture de Caterpillar Gosselies doit désormais passer de la parole aux actes, a réclamé jeudi à Namur Thierry Bodson, le secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la FGTB, à l’occasion de la rentrée politique.

Le syndicaliste socialiste se dit pour le moins étonné de voir le gouvernement fédéral et son ministre de l’Économie Kris Peeters persister dans leur volonté de renforcer la flexibilité du travail et de réviser la loi de 1996 (compétitivité dans le cadre de l’accord interprofessionnel, avec risque de blocage des salaires), alors que le dossier Caterpillar a démontré que, malgré les efforts des travailleurs en ce sens, une multinationale délocalise au nom de la concurrence entre ses sites et de dividendes plus rémunérateurs.

Il se demande aussi comment le gouvernement fédéral peut critiquer l’attitude de Caterpillar tout en continuant de soutenir des accords de dérégulation tels que le TTIP (libre-échange USA-UE), dont le groupe américain est l’un des lobbies essentiels.

« On parle d’union sacrée au Fédéral, il faudrait que ça se traduise aussi par des gestes forts! On ne peut pas jouer dans l’émotion envers les travailleurs sans passer à l’acte! »

Le syndicaliste attend des gouvernements fédéral et wallon qu’ils se coordonnent sur l’instauration d’une possibilité d’appropriation temporaire d’un site industriel par les pouvoirs publics si, à l’annonce d’une fermeture, il est bénéficiaire, structurant pour la région et potentiellement récupérable par un repreneur.

Thierry Bodson considère que le PS au gouvernement wallon devrait pouvoir faire avancer ce dossier et se demande comment le cdH pourrait refuser de suivre dans les conditions actuelles. Au Fédéral, il réclame que la loi Renault comprenne un volet coercitif s’il existe une alternative à la fermeture, première étape vers l’appropriation.

A l’Union wallonne des entreprises, le patron de la FGTB wallonne demande d’au moins accepter de discuter du conditionnement des aides, avec sanction pour les entreprises qui n’auraient pas respecté les engagements (suspension de l’éligibilité aux aides pendant une année ou deux).

La FGTB wallonne souhaite aussi une cellule d’anticipation des chocs tels que celui de Caterpillar. Cette cellule regrouperait les outils financiers wallons (SRIW, Sowalfin, Forem, IFAPME, AWEX, etc.) et une administration. Ce qui existe à la SOGEPA doit être renforcé, selon lui. En règle générale, ces outils financiers wallons ne se parlent pas assez, ajoute-t-il, alors que le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt travaille à un comité de direction unique pour la SRIW, la Sogepa et la Sowalfin.

Pour Thierry Bodson, l’économie wallonne reste trop dépendante de quelques grandes entreprises. Une politique industrielle de la diversification doit donc venir compléter le Plan Marshall. La Région aurait aussi tout intérêt à davantage investir dans le tourisme, un secteur encore sous-exploité et trop peu coordonné, juge-t-il.

Le patron de la FGTB demande aussi que les matières fiscales actuellement éparpillées entre plusieurs ministres au gouvernement wallon reviennent dans le giron d’un seul « ministre des Finances » régional.

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