Michel Delwiche

Caterpillar : des impératifs environnementaux que seule l’Europe respecte

Michel Delwiche Journaliste

Comme pour se moquer des propos du CD&V Johan Sauwens relatifs aux bons chiffres de l’économie wallonne, l’annonce ce matin de licenciements massifs chez Caterpillar à Gosselies (Charleroi) vient plomber le ciel wallon, pas encore dégagé des nuages de la crise sans fin de la sidérurgie.

L’usine Caterpillar de Gosselies va supprimer plus d’un tiers de ses emplois (1.100 ouvriers et 300 employés). Ce moteur économique de la région carolorégienne était pourtant considéré par la direction américaine du groupe, il n’y a pas si longtemps, comme un de ses fleurons, et le centre mondial de fabrication des plus grosses pelles hydrauliques, de plus grosses excavatrices de la marque. Malgré la réputation faite à la Wallonie, et singulièrement au bassin de Charleroi, d’entretenir un climat social détestable et grévicole, les Américains -c’est dire!- ont continué à croire et à investir dans le site depuis des dizaines d’années, crise après crise, et ils s’en sont bien trouvés. Mais aujourd’hui, Gosselies va payer un lourd tribut au ralentissement de l’activité économique et à des impératifs écologiques que seule l’Europe respecte.

« Nous avons par exemple perdu le marché de la Turquie », explique Julien, un jeune technicien qui ne sait pas encore si son emploi est directement menacé, « parce qu’on nous a imposé de fabriquer exclusivement les moteurs pour le marché européen, avec des normes environnementales strictes que l’Union européenne est seule à respecter. La Turquie, dont le volume d’activité est important, n’en a que faire, et achète donc moins cher, et donc pas en Belgique… »

Tout comme pour la sidérurgie liégeoise, il serait mensonger d’évoquer un effet de surprise. Depuis 2009 en effet, l’usine de Gosselies doit faire face à des pertes de commandes. Il y a eu une embellie et une forte reprise en 2011, mais déjà à ce moment les perspectives étaient sinistres, et le carnet de commandes rétréci. Et depuis la mi-2012, seul le recours au chômage technique a permis de garder le couvercle sur la marmite, et de garder calmes les troupes. « Depuis la mi-2012, nous étions à 40 % de chômage technique, poursuit Julien, et la cata, on la sentait venir. Nous avons l’impression, aujourd’hui, que c’est la dernière étape avant la fin. »

Il y a un peu plus d’un an, Julien, face au vent qu’il voyait venir, a repris une formation, avec l’envie de se lancer, comme indépendant, dans les systèmes de chauffage performants. Mutation d’un secteur industriel. Mais qui va fabriquer les chaudières ?

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