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Campagne choc de la N-VA : ce que la Flandre en pense

Le Vif

Membres de l’opposition comme de la majorité fédérale, Conseil Supérieur de la Justice,… nombreux sont ceux qui s’insurgent contre la nouvelle campagne choc de la N-VA.

La N-VA a lancé jeudi une campagne sur les réseaux sociaux appelant « les juges à respecter strictement la loi » et à « ne pas ouvrir nos frontières » après que le secrétaire d’Etat Theo Francken a annoncé à la Chambre qu’il persistait à ne pas octroyer de visa humanitaire à une famille syrienne malgré un arrêt de la Cour d’appel assorti d’une astreinte. Cette campagne est accompagné du hasthag #IkSteunTheo, repris ensuite par de nombreux membres et sympathisants du parti, ainsi que le président du parti, Bart De Wever. Les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre, notamment accompagnées du hashtag #IkSteunDeRechtstaat (Je soutiens l’Etat de Droit).

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L’annonce n’a pas non plus manqué de faire réagir le monde politique flamand, autant dans l’opposition que chez les membres de la majorité.

Pour Patrick Dewael, chef de groupe Open VLD à la Chambre, cette décision « nie l’Etat de droit ».

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Pour le député Raf Terwingen, membre du CD&V, cette prise de position vis-à-vis du pouvoir judiciaire est une « honte ». Le président du parti, Wouter Beke, a également souligné l’importance du respect entre les différents pouvoir, tandis qu’un autre membre du parti, Youssef Kobo, s’interrogeait sur les politiques qui se croient au-dessus de la loi et de l’Etat de Droit (« Depuis quand vivons-nous dans une république bananière ?« , a-t-il notamment tweeté).

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« Dans un cas comme celui-ci, la sagesse, c’est de négocier avec la partie adverse sur l’astreinte« , a réagi ce matin le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V), sans toutefois vouloir se prononcer sur la campagne lancée par la N-VA sur les réseaux sociaux. « L’indépendance d’un pouvoir veut qu’un pouvoir ne s’arroge pas le pouvoir de l’autre« , a-t-il ajouté.

Le président du sp.a (opposition), John Crombez, trouve cela « alarmant ». « Un parti qui est membre du gouvernement et qui appelle à ne pas exécuter une décision de justice, c’est une tendance dangereuse « , a-t-il déclaré.

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Pour Wouter De Vriendt (Groen), le refus d’accorder ce visa est complètement irrationnel. « On ne parle pas de dizaines de milliers de personnes, mais bien de la chance de sauver une famille des horreurs de la guerre à Alep. Saisissez cette occasion « .

Côté francophone, on appelle notamment le Premier ministre Charles Michel à réagir.

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Du côté du MR, la prudence est de mise. Le vice-Premier ministre Didier Reynders a rappelé qu’une procédure judiciaire était en cours et qu’un pourvoi en cassation serait introduit. « Pour le reste, il est préférable de s’abstenir de faire des commentaires, y compris de la part d’un ministre ou d’un parti« , a-t-il précisé.

Un risque de dérive à la turque ?

Côté justice, les réactions fusent également. Le juge de paix honoraire Jan Nolf n’a pas été surpris par la réaction de la N-VA. « La N-VA est favorable à l’approche de l’Ancien Régime où les magistrats ne devaient être que ‘la bouche de la loi’ et donc uniquement juger selon les lettres de la loi« . Avec ces déclarations, la N-VA porte atteinte au pouvoir judiciaire. « Ce n’est pas nouveau« , ajoute Jan Nolf, qui utilise le néologisme de « Bonabartisme » pour qualifier la situation. « De Wever et son parti veulent une expansion effrénée du pouvoir exécutif. Et le monde judiciaire doit en être la première victime. »

Le président du Conseil supérieur de la Justice (CSJ) Christian Denoyelle a mis en garde vendredi contre le risque d’une dérive sur le modèle de la Turquie. « On parle parfois de la situation en Turquie, où la ligne séparant le pouvoir exécutif du pouvoir judiciaire est en train de s’estomper. Nous devons être attentifs à ne pas nous engager sur la même voie« , a-t-il commenté dans l’émission « De Ochtend » (VRT-Radio 1).

Il n’y a, à ses yeux, aucun problème à ce qu’un parti mette en avant sa politique et émette des critiques sur des décisions judiciaires. Mais « ce qui est gênant, c’est que les juges soient rejetés en étant présentés comme déconnectés du monde« . Or, le récent arrêt de la Cour d’appel qui a condamné l’État belge à octroyer un visa humanitaire à une famille syrienne et est contesté par le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) « comporte plus que quelques pages« . « Ces gens y ont réfléchi avec sérieux« , souligne Christian Denoyelle, en insistant encore sur la séparation des pouvoirs.

(avec Belga)

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