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Budget: les réactions face aux nouvelles mesures

Les nouvelles mesures du gouvernement ont suscité de nombreuses réactions. Topo.

PS: « Les hausses d’impôts, c’est tout de suite »

« La hausse de la TVA sur l’électricité, l’augmentation des taxes sur le diesel, le saut d’index, tout ça, c’est tout de suite. La baisse des impôts? C’est progressivement d’ici 2019 pour un travailleur sur deux, disent-ils. A ce stade, il est donc certain que les gens ne vont faire que payer », dénonce samedi le président du PS Elio Di Rupo en réaction au budget fédéral présenté le matin même par le gouvernement de Charles Michel. « A plus long terme, on voit clairement que le gouvernement reprend d’une main ce qu’il a donné de l’autre: il finance ses baisses d’impôts en augmentant les taxes sur la consommation! Quand on ajoute le saut d’index, on voit clairement que les travailleurs perdent de l’argent », estime Elio Di Rupo. A ses yeux, « ce sont les travailleurs, les pensionnés et les allocataires sociaux qui financent le tax shift. Le gouvernement augmente toute une série d’impôts pour eux, et demande des cacahuètes aux plus fortunés: il n’y a pas d’impôt sur la fortune, et la taxe sur les plus-values est symbolique: elle rapportera 25 fois moins que la hausse de la TVA sur l’électricité!  » Le PS dit également attendre « avec impatience » que « la Cour des Comptes évalue le sérieux de ces mesures et la réalité de la trajectoire prévue. »

Ecolo : Des mesures insuffisantes pour relever les défis climatiques et sociaux

Le parti Ecolo a déploré samedi le tax shift présenté par le gouvernement fédéral qui, selon les Verts, n’apporte de la sorte aucune réponse aux défis du futur, se contentant juste de quelques « mesures budgétaires ». « Le Gouvernement fédéral n’a manifestement pas encore saisi la nécessité d’un profond changement de cap », déplore Jean-Marc Nollet, chef de groupe à la Chambre. Pour Ecolo, la dégradation des recettes fiscales en conséquence des mesures d’austérité précédemment décidées et de prévisions fantaisistes, ainsi que les défis du climat et de l’emploi, méritaient une véritable inflexion de la politique du gouvernement Michel. « Les quelques mesures positives, comme celles prises pour les indépendants ou les toutes petites entreprises, cachent difficilement l’absence d’ambition en terme de virage fiscal, notamment en matière de fiscalité sur le capital et sur les pollutions. Le gouvernement Michel a préféré jouer sur le calendrier (accélérant certaines mesures, en étalant d’autres), décider d’une nouvelle régularisation fiscale (qui n’a plus « d’unique » que le nom et qui constitue une prime à la fraude) et prendre certaines options fiscales qui risquent de peser lourdement dans le futur, sans effet garanti sur l’emploi », souligne le parti dans un communiqué. « Où restent les mesures destinées à relever les défis climatiques et énergétiques? Pourquoi une nouvelle mesure de régularisation fiscale et pas de réelle contribution des revenus des capitaux pour assurer le financement alternatif de la sécurité sociale et davantage de justice fiscale? », s’interroge de son côté le député Georges Gilkinet.

PTB: Un « écran de fumée »

Le Parti des Travailleurs de Belgique (PTB) qualifie le tax shift présenté plus tôt dans la journée par le gouvernement fédéral d' »écran de fumée ».

Pour la formation marxiste, les nouvelles mesures recèlent en réalité « plus de taxes pour tous » et des cadeaux pour « ceux qui n’en n’ont pas besoin ». Selon le PTB, les véritables gagnants des choix budgétaires du gouvernement seront avant tout les grandes entreprises. « En plus du saut d’index, en plus des 960 millions de réductions de cotisation sociales décidées par le gouvernement Di Rupo, le gouvernement Michel-De Wever ajoute 2 milliards supplémentaires en réduction de cotisations sociales patronales. On fait payer ceux qui sont dans le besoin via une pluie de nouvelles taxes pour financer ceux qui n’en ont pas besoin ». « Le tax shift à l’envers du gouvernement doit disparaître. Il est grand temps d’instaurer un vrai impôt sur la fortune, une taxe des millionnaires. Pour pouvoir à nouveau investir dans la société, et passer d’une société du moi à une société du nous », conclut le communiqué du PTB.

SP.A: Les coûts dès maintenant, les avantages seulement à la fin de la législature

Les socialistes flamands ont réagi négativement, samedi, à l’annonce par le gouvernement fédéral de l’adoption de son virage fiscal.

Pour le sp.a, « les coûts pour les familles, les isolés et les pensionnés seront immédiatement sensibles, tandis que les avantages au profit de certains travailleurs ne sont que des promesses pour la fin de la législature ». Le parti se fait aussi du souci concernant la réduction des impôts généralisée, car celle-ci n’est pas centrée sur les salaires les plus bas. « Toutes les études montrent qu’une réduction des charges a le plus grand effet lorsqu’elle se concentre sur les salaires les plus bas. Avec une réduction de charges de 1% sur ceux-ci, l’on crée 1% d’emplois en plus. La même réduction sur les salaires les plus élevés ne livre que 0,3% d’emplois nouveaux », selon le chef de groupe du sp.a à la Chambre, Meryame Kitir et le député Peter Vanvelthoven. Les socialistes du nord du pays n’avalent pas non plus la hausse annoncée des accises et de la TVA qui sera immédiatement sensible, alors que les avantages de la réforme ne le seront que bien plus tard. « La promesse faite il y a peu d’un gain de 100 euros pour chacun en prend déjà un coup puisque celui-ci ne s’appliquera qu’à la moitié de la population, et seulement à la fin de la législature », pointent encore les socialistes flamands.

FEB : « heureuse » de voir le gouvernement « réussir cet exercice délicat »

La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) s’est dit « heureuse » de voir le gouvernement « réussir cet exercice délicat », dans une première réaction au budget fédéral et au glissement fiscal présenté samedi matin par l’équipe de Charles Michel. La fédération patronale s’est surtout montré satisfaite « de la réduction d’impôt de 33% à 25% et de la mise en oeuvre de mesure favorables aux PME durant cette législature. » La FEB pointe également comme positif les réductions de cotisations prévues pour les bas et moyens salaires. La Fédération attend toutefois l’ensemble des détails du tax shift avant de se prononcer plus largement. « Une évaluation globale sera soumise aux membres la semaine prochaine », affirme la FEB.

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