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Budget: le CD&V appelle à une rupture de tendance

Le député Eric Van Rompuy (CD&V), président de la commission des Finances et du Budget de la Chambre, a appelé mardi à une « rupture de tendance » alors que le gouvernement peine à rencontrer l’objectif de retour à l’équilibre. « Mon groupe soutient cette majorité mais demande de l’ambition », a-t-il indiqué, exigeant un « budget sérieux ».

La ministre du Budget Sophie Wilmès et le ministre des Finances Johan Van Overtveldt sont venus répéter en commission les raisons expliquant l’aggravation de l’effort à fournir lors du prochain conclave, les prévisionnistes tablant sur 4,2 milliards d’euros à trouver plutôt que 2,4 milliards d’euros en juillet dernier. Selon les ministres, des paramètres techniques rendent difficiles la prévision des recettes alors que le Brexit pèsera sur la croissance en 2017.

L’opposition a de son côté démonté cette argumentation après avoir prévenu, rapport de la Cour des comptes à l’appui, que le gouvernement allait droit dans le mur. Mais l’exercice budgétaire (2016-2017) n’a pas encore accouché de mesures, a répliqué Mme Wilmès, insistant sur la nécessité pour l’entité I (Etat fédéral et Sécurité sociale) d’améliorer le solde structurel de 0,84% l’année prochaine, dans le cadre du pacte de stabilité, en comparaison avec les 0,6% pour l’ensemble de la Belgique.

Le député Benoît Piedboeuf (MR) a opposé l’effort de la Flandre qui a réussi à présenter un budget à l’équilibre alors que la Wallonie fait face à une déficit de 300 millions d’euros. « Le résultat des entités fédérées sera aussi important aux yeux de la Commission européenne », a indiqué la ministre du Budget. Enfin, le gouvernement fédéral se garde 1 milliard d’euros de matelas à titre de précaution. L’ensemble de ces points seront au centre de la discussion.

Le ministre des Finances Johan Van Overtveldt a pour sa part rappelé la nécessité, selon l’accord de gouvernement, de renouer avec l’équilibre budgétaire en 2018, et de ne pas accentuer la pression fiscale. Il a également évoqué la proposition formulée au gouvernement visant à baisser l’impôt des sociétés.

Face à ce qu’il voit comme l’annonce de la « poursuite de la politique d’austérité », le député Ahmed Laaouej (PS) a mis en garde le MR qui pourrait se rendre « complice du séparatisme politique » voulu par le plus grand partenaire du gouvernement, la N-VA. « On va vers la ruine organisée du pays, on met la pression sur le budget et à travers lui sur la sécurité sociale, dernier ciment de solidarité entre les Belges », a-t-il averti. « Vous naviguez à vue », a déploré Benoît Dispa (cdH) parlant d’une « insoutenable légèreté » dans le chef du gouvernement et voyant la ministre du Budget comme « une miss météo plus encline à expliquer le passé qu’à prédire l’avenir ».

« Nous ne voulons pas mourir guéris. Il faut gérer correctement les finances publiques mais chercher à tout prix l’équilibre au détriment de la situation économique du pays ne peut être une option », a jugé Georges Gilkinet (Ecolo). Le ministre des Finances s’est particulièrement trouvé au centre des critiques de l’opposition, Marco Van Hees (PTB) le qualifiant de « valet puant du gouvernement et du capital ».

Dans les rangs de la majorité, le député Rob Van de Velde (N-VA) a demandé au gouvernement de revoir certaines taxes « contre-productives » alors que la forte hausse des accises sur l’alcool et le tabac n’a pas eu le rendement escompté. Le député Dirk Van Mechelen (Open Vld) a appelé à la poursuite de l’assainissement, seule voie permettant de dégager des marges pour des investissements et de l’emploi et pérenniser le financement de la sécurité sociale. Signe de l’importance du moment politique que constitue ce conclave budgétaire, les trois chefs de groupe flamands de la majorité sont venus assister au débat en commission.

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