Budget : la récréation est finie

51 ans et économiste. Marié, père d’une fille. Habite à Bruxelles depuis des années. A été l’un des meilleurs footballeurs de son pays jusqu’à ce qu’une blessure sonne le glas de sa carrière. Finlandais et commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. Il s’appelle Olli Rehn et nous dicte notre conduite.

La semaine dernière, Rehn nous a reproché le déficit budgétaire de plus de trois pour cent du produit intérieur brut (PIB) et nous a exhortés à prendre des mesures d’économie plus structurelles. Nous avons évité une amende grâce à une circonstance atténuante : en 2010-2011 nous avons négocié un nouveau gouvernement durant 541 jours et ne pouvions pas prendre de mesures structurelles. Et les partis de la majorité ont subtilement mis cette longue durée sur le dos de la N-VA.

C’est tout au plus une partie de la vérité: l’argent dont nous disposions sous le gouvernement violet a été gaspillé par la baisse des charges d’intérêts. Les libéraux et les socialistes ont respectivement régalé leur base de baisses d’impôts et de revenus plus élevés. Si cet argent avait été géré plus judicieusement , nos finances publiques seraient en bien meilleur état.

Nous échappons à l’humiliation de devenir le premier pays européen à écoper une amende. Cette amende aurait d’ailleurs été une bénédiction pour la N-VA qui aurait disposé d’une arme rêvée pour s’en prendre au gouvernement Di Rupo. En échange, il va falloir sérieusement économiser : un milliard d’euros cette année, 3,5 milliards d’euros l’année prochaine. C’est Rehn qui l’a dit et nos ministres n’ont plus qu’à décider comment ils vont s’y prendre.

La récréation est finie: d’ici le 21 septembre, la Belgique doit faire un rapport à l’Europe et ensuite elle devra rendre compte de ses progrès tous les trimestres. Il faut donc que le gouvernement s’attelle à un budget en profondeur. On est curieux de voir de quelle façon le gouvernement de Di Rupo réussira cette tâche. Les différences idéologiques sont grandes et la crainte de la N-VA est la seule chose qui unit les partis de la majorité.

Le premier ministre Di Rupo a déjà critiqué la commission: « L’Europe ne peut pas être qu’un gendarme budgétaire ». Il n’apprécie pas que la Commission Européenne se fixe uniquement sur les mesures d’économie et non sur la croissance et l’emploi. Il oublie toutefois que tous les chefs de gouvernement, y compris lui-même, ont négocié et approuvé l’approche de l’Europe. Ils ont également consenti à céder une partie importante de leur pouvoir à l’Europe, à savoir le budget et la politique socio-économique. Cette décision a, pour le dire avec les mots du professeur Luc Huyse, « touché au coeur la souveraineté de l’état belge ». Rien ne sert donc de se plaindre.

« Nos gouvernements ont rarement réussi à prendre les mesures nécessaires, à moins que ce soit sous l’impulsion de l’Europe. Pensez par exemple à l’assainissement des dépenses publiques pour obtenir le droit d’introduire l’euro, ce qui ne veut pas dire que l’approche européenne soit la bonne vu que les mesures d’austérité ne nous ont pas sortis de la crise. Au contraire, il n’est plus question de croissance économique, les emplois sont supprimés les uns après les autres, le chômage des jeunes augmente. Par conséquent, de plus en plus de gens se détournent du projet européen et se demandent qui a bien pu élire les commissaires européens.

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