Thierry Fiorilli

Budget : l’indécence de Di Rupo Ier

Thierry Fiorilli Journaliste

674 millions de réductions de dépenses primaires, 710 millions d’économies en Sécurité sociale, 1,067 milliard de mesures fiscales et 1,316 milliard de mesures prises un peu partout ailleurs ; modération salariale en 2013 et 2014 (aucune augmentation, sauf celles liées à l’indexation et aux hausses barémiques), réduction des charges patronales de 0,3 % ; révision de la composition du panier de la ménagère (y voilà les soldes, notamment) ; hausse de la taxation des assurances-vie ; taxation des plus-values des holdings ; précompte à 25 % sur les intérêts et les dividendes ; intérêts notionnels réformés ; économies drastiques dans les ministères, la Fonction publique, la Poste et la SNCB…

Le budget 2013 est donc bouclé. Et ce matin, en le présentant à la presse, Elio Di Rupo a joué le maître d’école très très très content de sa classe, donc de lui-même : « Ici aussi, nous avons trouvé les solutions » ; « à nouveau, le gouvernement a réussi à régler les problèmes » ; « cette fois encore, nous restaurons la confiance des citoyens, des entreprises et de l’étranger » ; « nos mesures vont booster l’emploi et relancer l’économie ». Bref, le gouvernement belge fait mieux qu’ailleurs, est le premier en tout, on nous l’envie, on ferait bien de s’en inspirer un peu partout, les plus malins et les plus heureux c’est nous !
A regarder et écouter Di Rupo, De Croo, Onkelinx, Milquet et Chastel dans leur incroyable exercice d’autosatisfaction, d’autosuffisance, on ne peut endiguer un sentiment de colère. D’abord, parce que ce gouvernement, en place depuis moins d’un an, ferait bien d’adopter un profil un peu plus modeste, un peu moins arrogant. Il est confronté à une crise dont le terme apparaît chaque jour de plus en plus éloigné. Une crise qui frappe de plus en plus durement une frange de plus en plus large de la population. Une crise qui fait fermer des usines par dizaines et licencier sur le champ des milliers de « citoyens ». Une crise qui a déjà causé un nombre record de faillites cette année. Tous les secteurs sont touchés, toutes les tranches d’âge, toutes les catégories sociales. Ensuite, parce qu’aucune des mesures permettant de boucler le budget 2013 n’est un cadeau fait à la population. Même sans désindexation des salaires, même sans hausse de la TVA, même sans cotisation spéciale de crise, ces mesures sont de nouveaux sacrifices. Sans aucune garantie de relancer quoi que ce soit, du pouvoir d’achat à la croissance, de l’emploi à la sacro-sainte compétitivité – jusqu’ici, toutes les prévisions économiques « officielles » faites ces quatre dernières années ont été revues, à la baisse, en pire, puisqu’elles se sont toutes trompées.
Le budget est donc bouclé. Nous verrons de quel bois vont se chauffer maintenant les syndicats. Puis comment la concertation pour le prochain accord interprofessionnel se déroulera. Mais notre petit doigt, et la comm’ déplacée de Di Rupo Ier, nous font penser que l’hiver sera rude sur le plan social, que 2013 va être terrible au quotidien, que la dream team d’Elio va se retrouver dans six mois maximum autour d’une table pour aller encore gratter des milliards ici et là et que certains de nos dirigeants, pimpants, nous souriront encore de toutes leurs dents en nous annonçant la prochaine saignée. Et en attendant que nous les en remerciions. L’indécence n’a décidément plus de limites.

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