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Budget Fédération Wallonie-Bxl : le MR claque la porte

Les députés MR ont quitté lundi en fin de journée la commission Budget du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, jugeant impossible de réaliser un contrôle parlementaire sur base des documents (ajustement 2012 et initial 2013) présentés par le ministre André Antoine. Ils ont ce faisant suscité l’indignation des partis de la majorité qui ont crié à la mise en scène.

La Cour des comptes avait relevé plusieurs défauts dans les documents budgétaires présentés par le ministre en Commission. Le député Hervé Jamar (MR) les a interprétés comme autant d' »illégalités ».

Dénonçant « une litanie d’incorrections », de non-concordances de chiffres, des références inexactes à certaines lois, etc., il a aussi pointé du doigt le recours à la méthode des « cavaliers budgétaires », qui permettent d’accélérer la prise d’une décision en la faisant porter sur une seule année.

M. Jamar a aussi repris à son compte une critique de la Cour des comptes sur l’impréparation de la Communauté française à la réforme de la comptabilité publique en Wallonie et en Fédération, promulguée en décembre 2011.

« Exercer un contrôle parlementaire dans ces conditions relève de l’art divinatoire », s’est insurgé l’ancien secrétaire d’Etat aux Finances. Après que Marcel Cheron (Ecolo), Pierre Migisha (cdH) et Jean-François Istasse eurent défendu ces budgets concoctés en période de crise, Alain Onkelinx (PS) a à son tour pointé du doigt des « erreurs » dans les tableaux budgétaires présentés, ainsi que la faible lisibilité des documents. « Il est tout bonnement impossible d’y voir clair », s’est-il exclamé.

M. Jamar, sautant sur cette approbation partielle de son discours par un membre de la majorité, a quitté la salle avec les députés de son groupe parlementaire, laissant seul Richard Miller (MR) assurer la présidence de la commission en toute impartialité.

André Antoine a jugé « inélégant et discourtois » le départ de l’opposition avant même qu’il n’ait eu le temps de répondre. « Le scénario était écrit d’avance », a-t-il jugé.

Il a souligné que la Cour des comptes avait validé les chiffres budgétaires « sur toute une série de passages » et l’importance du respect de la trajectoire budgétaire. « C’est la première fois que s’applique la législation » réformée en décembre 2011, s’est-il défendu, rappelant avoir toujours dit que l’implémentation d’un tel chantier devait être progressive. « On doit faire mieux, on le sait, il faudra encore du temps pour ce qui s’assimile à un vrai travail de bénédictin », a-t-il convenu.

M. Antoine, dont le MR wallon avait déjà réclamé la démission il y a dix jours, reconnaît que le recours aux cavaliers budgétaires n’est pas la méthode la plus « esthétique » budgétairement parlant, mais en une période où les indices de croissance « jouent au yo-yo », pérenniser des chiffres budgétaires s’avère périlleux, souligne-t-il.

La Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles doivent réaliser un effort budgétaire sans précédent l’an prochain pour respecter la trajectoire budgétaire: 595,3 millions d’euros, dont 555,8 grâce au contrôle des dépenses. Quant à la prévision de croissance retenue, elle est de 0,7 pour cent avec la possibilité d’anticiper un ralentissement jusqu’à 0,3% grâce à la constitution de réserves.

« Les crédits variables, les réallocations, les cavaliers budgétaires, oui je m’en excuse, mais la situation est particulièrement tendue. La Cour a raison de nous stimuler à nous mettre en ordre progressivement, mais cela prendra peut-être encore trois à quatre ans », a-t-il ajouté. Il s’est défendu de toute volonté de dissimuler quoi que ce soit.

Au terme de cette longue défense, un représentant de la Cour des comptes a tenu à préciser que son institution n’avait pas parlé d’illégalités. Prenant la parole à son tour, Alain Onkelinx s’est excusé auprès du ministre pour ses propos qu’il a lui-même reconnus « excessifs ».

Les projets de réajustement 2012 et d’initial 2013 doivent faire le tour ces deux prochains jours des commissions parlementaires. Le groupe MR entamera ces travaux en interpellant systématiquement la majorité sur la méthode utilisée, a-t-il prévenu.

Le Vif.be, avec Belga

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