Thierry Denoël

Budget : Encore 2 milliards ! De qui se moque-t-on ?

Thierry Denoël Journaliste au Vif

On se souvient de l’autosuffisance affichée par le gouvernement lors de la présentation de l’accord budgétaire 2013. C’était il y a à peine trois semaines. En grattant les fonds de tiroirs, les ministres fédéraux avaient péniblement trouvé 3,4 milliards d’euros d’économie. Mais selon la Banque nationale, il reste encore 2 milliards à grappiller ! De qui se moque-t-on ?

Les prévisions de croissance sont certes un exercice délicat. Depuis le début de la crise, celles-ci ont souvent été revues à la baisse. Ce lundi, la Banque nationale (BNB) a jeté un beau pavé dans la mare budgétaire, en annonçant des prévisions bien moins optimistes que celles retenues par l’équipe Di Rupo pour confectionner le budget 2013. Selon la BNB, la croissance sera nulle l’an prochain. Le gouvernement, lui, tablait sur 0,7 %, il n’y a même pas trois semaines. Aujourd’hui, il ne semble pas remettre en cause les calculs plus alarmistes de la Banque nationale. Le ministre du Budget Olivier Chastel (MR) a d’emblée annoncé qu’un contrôle budgétaire anticipé devra avoir lieu au début de 2013. Nous voilà prévenus.

Si la croissance tarde à reprendre un peu de couleur, c’est que la confiance des consommateurs est fortement érodée. Sans confiance, pas de reprise ! Fallait-il être grand clerc pour prévoir cela. Le 20 octobre, le jour-même où le gouvernement Di Rupo présentait son budget, la BNB annonçait que l’indicateur de confiance des ménages avait atteint son plus bas niveau depuis mars 2009. Rien de surprenant à ce défaitisme, vu l’augmentation des prix de l’énergie, les licenciements massifs (à Ford Genk notamment), la crise de la zone euro qui n’en finit pas et les mesures d’économies annoncées. Il y a de quoi miner la bonne humeur du plus optimiste des joyeux drilles…

Visiblement, le gouvernement n’a pas voulu prendre cela en compte. Il s’est accroché aux prévisions de 0,7 % du Bureau du Plan et de la Commission européenne, en annonçant la modération salariale et en prédisant – souvenez-vous – que 2013 sera encore une année douloureuse sur le plan budgétaire. Nous y voilà. Cela ressemble à un scénario d’annonce différée, destiné à bluffer les citoyens… Les mauvaises nouvelles ne se dévoilent pas toutes d’un coup, mais à doses mesurées. Sans doute pour ne pas trop effaroucher le Belge inquiet face à la crise. Mais là, le consommateur contribuable belge risque de se demander si on ne se moque pas de lui. Et cela risque de ne pas améliorer sa confiance.

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