Necmettin Erbakan, mort en 2011 © Belga

Bruxelles subsidie une fausse université salafiste

Muriel Lefevre

La Commission communautaire flamande de Bruxelles (la VGC) subsidie l’Université Européenne de Bruxelles. Or cet établissement est une fausse université liée au mouvement islamique turc Milli Görüs, selon De Morgen.

Pas moins de 81 établissements d’enseignement font actuellement l’objet d’une enquête, car ils sont soupçonnés de décerner de faux diplômes ou d’abuser de l’appellation université ou haute école, selon des chiffres du ministre de l’Economie, Kris Peeters. Ces établissements, sous la loupe de l’Inspection économique, se situent principalement à Bruxelles (52 d’entre eux), mais certains se trouvent également en Flandre (18) et en Wallonie (11). Il s’agit d’institutions proposant aussi bien des cours par correspondance que des enseignements ex cathedra. L’infraction la plus courante est que l’établissement affirme être reconnu comme université ou haute école, ou qu’il prétend pouvoir distribuer des diplômes de bachelier, de master ou des doctorats alors que ce n’est pas le cas.

Selon Thierry Debels, économiste et essayiste, un de ses établissements est subsidié par la Commission communautaire flamande de Bruxelles et qui est compétente pour les questions liées à la culture, l’enseignement, le bien-être et la santé des néerlandophones à Bruxelles. Dans la liste des organisations qu’elle subsidie, on retrouve en effet l’Université Européenne de Bruxelles (UEB) de Mustafa Dönmez. Or, il y a un an avant l’attribution du dernier subside en date, le magazine Humo avait déjà révélé que cette fausse université était l’un des principaux représentants du salafisme politique à Bruxelles. Johan Leman, du Foyer à Molenbeek, expliquait dans ce même article que « cet établissement était l’instrument de mouvement islamique Milli Görüs, connu pour ses positions très conservatrices sur l’islam ».

Si le subside n’est pas énorme puisqu’on parle de 500 euros, il peut néanmoins donner l’impression qu’on donne de la légitimité à ce genre d’établissements qui promeuvent la sharia turque.

Fondée en 1969 par Necmettin Erbakan, ancien Premier ministre turc, l’organisation religieuse va ensuite se répandre progressivement dans l’Europe entière, sous l’impulsion de membres de la diaspora turque. Le mouvement Milli Görüs a une importante base en Europe de l’Ouest, mais surtout en Allemagne où elle a son siège à Cologne. Millî Görü (littéralement « vision de la communauté religieuse ») est présidé par Kemal Ergün depuis 2011.

Selon les spécialistes, ils n’ont jamais été liés à du djihadisme belliqueux, mais sont très conservateurs. En juin de l’année dernière, suite à un décret de la ministre flamande de l’enseignement d’alors, Hilde Crevits (CD&V), l’université a dû changer de nom et s’appelle désormais « Institut Européen de Bruxelles ».

Selon le cabinet de Pascal Smet (sp.a), qui a signé le document accordant le subside, il s’agit surtout d’une procédure administrative. Pour recevoir un tel subside, il faut être une ASBL basée à Bruxelles et néerlandophone. Cela semblait être le cas. La première reconnaissance d’un tel subside remonte à 2010. L’importance du subside est déterminée par 7 points. L’UEB a obtenu un point. Celui de « détente, rencontre et développement », parce qu’ils ont organisé une journée d’information, une excursion à Istanbul et un quizz.

Rectificatif

La confédération islamique Milli Görüs (IGMG) rejette catégoriquement les affirmations qui disent que Mustafa Dönmez ou l’Université Européenne de Bruxelles est en relation avec l’IGMG. L’IGMG est une organisation religieuse, mais aussi un partenaire de confiance de l’état ainsi que de la société et qui ne souhaite pas être associé au salafisme ou aux autres mouvements de ce genre.

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