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Bruxelles, nid d’espions

Le Vif

Siège de l’OTAN, de l’UE et de nombreuses institutions, la capitale belge est depuis longtemps une cible de choix des espions étrangers. Le Vif/L’Express a pu consulter les archives des services secrets de pays de l’ex-Europe de l’Est et y a découvert quelques perles sur des personnalités belges.

Le dossier du justicier américain Edward Snowden l’a encore confirmé récemment : les institutions internationales telles que l’Union européenne figurent en tête des priorités des services secrets. A cette aune, Bruxelles, depuis près d’un demi-siècle, est the place to be pour les espions étrangers. Lorsqu’en 1967, l’OTAN a déménagé son quartier général opérationnel et politique de la France vers la Belgique, le gouvernement belge n’ignorait pas que cette décision serait lourde de conséquences. Le conseil des ministres du 21 avril 1967 mettait en garde : « Depuis que Bruxelles est un centre important du monde occidental, il faut éviter à tout prix qu’elle devienne aussi un centre important de l’espionnage ». Pari perdu : la capitale belge s’est muée en objectif pour le KGB, la Stasi est-allemande, la Securitate roumaine et les services de renseignements hongrois, bulgares, polonais et tchécoslovaques.

Le journaliste Kristof Clerix a mené l’enquête et a eu accès aux archives des services secrets d’Allemagne de l’Est, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Roumanie, de Bulgarie et de Pologne. Un livre qui paraît en néerlandais (« Spionnage. Doelwit : Brussel, éd. Manteau) est le fruit de ces recherches. Mais pour la presse francophone, Kristof Clerix dévoile cette semaine dans Le Vif/L’Express quelques aspects de son enquête et le nom de quatre personnalités qui ont été les cibles, avec plus ou moins de succès, des services d’espionnage de pays du bloc communiste. Parmi elles, l’économiste Alexandre Lamfalussy, président de l’Institut monétaire européen (ancêtre de la Banque centrale européenne) de 1994 à 1997. Extrait.

« L’économiste hongrois Alexandre Lamfalussy (84 ans aujourd’hui) a occupé de 1994 à 1997 le poste de président de l’Institut monétaire européen. Il est aussi réputé être un des pères de l’euro. Après avoir quitté à 20 ans son pays d’origine, Lamfalussy a étudié l’économie à Louvain et a décroché un diplôme à Oxford. Il a rapidement fait carrière à la Banque de Bruxelles. En novembre 1966, il entre pour la première fois dans le collimateur des services de renseignements hongrois. « Vu le poste important qu’il occupe, sa situation et ses possibilités au plan social, il serait intéressant de recruter Lamfalussy », mentionnait le service de renseignements dans un mémo interne. « Il serait utile de clarifier les liens qu’il entretient avec la Hongrie et d’analyser sa personnalité. » La centrale d’espionnage de Budapest s’intéressait à lui parce qu’il disposait d’informations précises en termes politico-économiques. « On attache beaucoup d’importance à son opinion en Europe occidentale. » En tant que cible, Lamfalussy reçut le nom de code de Cserfalvi.

Les services secrets hongrois tentèrent d’approcher Lamfalussy par le biais de son père. En vain. En 1969, un espion se prétendant attaché commercial put avoir avec Alexandre Lamfalussy un entretien sur l’actualité économique internationale. Mais ça se limita à une rencontre. Deux ans plus tard, un autre espion tenta une fois encore d’approcher Lamfalussy. A nouveau sans succès. En 1984, la centrale de Budapest clôtura le « dossier Lamfalussy ». Il comptait 227 pages.

K.C. Lire l’intégralité de l’enquête de Kristof Clerix dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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