Jules Gheude

Bon vent à la Wallonie !

Jules Gheude Essayiste politique

Trois décennies d’une gestion imprégnée d’interventionnisme socialiste ont freiné le redressement économique de la Wallonie.

Si l’on ne peut douter de la pertinence du Plan Marshall, force est de reconnaître que, douze ans après son adoption, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.

« Un bilan médiocre », titrait le journaliste Benoit July, dans « Le Soir » du 16 février 2017, suite à l’analyse décevante de Guiseppe Pagano, économiste à l’Université de Mons, et de Didier Paquot, directeur du Département « Economie – R&D » de l’Union wallonne des Entreprises. Et le journaliste de préciser : Les principaux indicateurs wallons n’ont pas évolué depuis 2003, époque à laquelle ils avaient initié un sentiment d’urgence et justifié le lancement du plan Marshall dédié au redressement de la Wallonie.

Cette évolution a contribué à altérer les relations avec une Flandre dont le dynamisme et la prospérité sont le fruit d’un esprit entrepreneurial particulièrement développe. En 2016, le Nord a vu ainsi ses exportations croître de 10,6%, avec un chiffre d’affaires de 205,7 milliards d’euros, tandis que le Sud, pour la troisième année consécutive, affichait une baisse (-0,5%), avec un montant de 42,6 milliards d’euros.

Et si le chômage commence timidement à régresser en Wallonie, son taux représente toujours plus du double de celui de la Flandre.

C’est cette situation qui a amené Bart De Wever, le président de la N-VA, a parlé de deux démocraties en Belgique.

Et le député CD&V Hendrik Bogaert de constater : Les Wallons ne peuvent tout de même pas invoquer éternellement la fermeture des charbonnages, intervenue il y a plus d’un demi-siècle.

La solidarité n’est pas un problème pour la Flandre, à condition qu’elle serve vraiment à améliorer les choses. Bart De Wever explique : Les transferts – qui représentent aujourd’hui 7 milliards d’euros, selon le récent rapport de la KU Leuven – doivent être transparents, avoir un but précis et inciter à l’amélioration. Ce n’est pas le cas en Belgique. Ils sont opaques, complexes et ils ne stimulent pas une région à mieux faire sur le plan économique. La bonne gouvernance n’est pas récompensée, mais sanctionnée.

C’est la raison pour laquelle le projet confédéral que la N-VA entend mettre sur la table des négociations en 2019, prévoit, comme c’est le cas en Allemagne, un mécanisme de solidarité objectivement mesurable et qui amène chacun à être vraiment responsable.

Les derniers scandales, dont celui de Publifin, auront été la goutte qui a fait déborder le vase. Mais en provoquant un tsunami politique au niveau des institutions francophones, ils se sont également révélés bénéfiques. Car les choses ne seront plus jamais comme avant.

La décision de Benoît Lutgen de retirer la prise au niveau des gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française ne fut certes pas dépourvue d’arrière-pensées. Mais elle aura permis, au niveau de la Wallonie, d’envisager enfin une orientation nouvelle.

On ne peut que saluer la volonté de la coalition MR-CDH de s’attaquer à l’hypertophie politico-administrative, résultat d’un clientélisme que le PS a littéralement érigé en système. De même, le souci de faire passer la Wallonie de l’assistanat à l’entrepreneuriat est une excellente chose.

D’aucuns s’indignent. Ils crient au déni de démocratie. Mais le PS s’est-il soucié de la volonté de l’électeur en s’empressant d’écarter le MR du gouvernement wallon en 2014, alors que ce parti avait été le seul à progresser nettement (6 sièges de plus au Parlement) ?

Avec un PTB crédité aujourd’hui de 24,2% d’intentions de vote, l’ancien ministre Jean-Claude Marcourt dit redouter une « République soviétique de Wallonie ». Mais le PS ne porte-t-il pas une lourde responsabilité dans cette évolution ? Les pratiques déviantes n’ont-elles pas contribué à accentuer la méfiance du citoyen envers le politique et à gonfler les voilesde l’embarcation populiste ?

Il n’y a pas de fatalité. En l’espace de quatre ans, Gerhard Schröder est parvenu à relancer l’Allemagne.

La plus grande difficulté consiste à savoir s’imposer face aux forces conservatrices. Bien peu de gens aiment vraiment la vie ; l’horreur du changement en est preuve, écrit André Gide dans son « Journal ».

Et le changement implique une forte dose de détermination, de courage politique.

A trop vouloir sauvegarder les fameux « droits acquis », le parti socialiste s’est révélé incapable de se transformer en profondeur pour s’adapter aux défis d’un monde en pleine mutation. Il paie aujourd’hui le prix fort, comme son homologue français.

La majorité dont dispose le nouveau gouvernement wallon est étroite. L’application de certaines mesures nécessitera l’apport de voix extérieures. Ce sera le cas pour concrétiser l’indispensable réforme des provinces. Plutôt que d’adopter une stratégie d’obstruction systématique, l’opposition se grandirait en se montrant adulte et responsable.

Trop de temps a été perdu. Pour opérer véritablement son redressement, pour décoller enfin, la Wallonie besoin de l’engagement de chacun.

Si des résultats significatifs peuvent être rapidement engrangés, ils permettront aussi de modifier la vision que la Flandre a de nous.

Une chance inespérée s’offre à la Wallonie. Ne la laissons pas passer !

(1) Dernier ouvrage paru : « Un Testament wallon – Les vérités dérangeantes », Mon Petit Editeur, Paris, 2016. La version néerlandaise est sortie chez Doorbraak Boeken, avec une préface de Bart Maddens, politologue à la KU Leuven.

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